Où s'en va Bombardier?

Publié le 31/07/2014 à 15:52

Où s'en va Bombardier?

Publié le 31/07/2014 à 15:52

La réorganisation paiera-t-elle?

Évidemment, les compressions dans le personnel administratif apporteront des économies. Bombardier ne veut pas s'avancer sur la hauteur de celles-ci, mais les analystes parlent de 130 à 200 M$ US.

Il n'est cependant pas clairement ressorti que ces économies permettraient aux bénéfices de Bombardier de s'améliorer significativement.

L'intérêt marqué pour le CSeries à Farnborough, dans un contexte particulièrement difficile de suspension des vols d'essais, fait se demander si Bombardier n'a pas vendu à plus faible prix ses derniers CSeries. Et si elle ne sent pas le besoin de simplement regagner sa marge.

Peut-être aussi n'agit-elle que préventivement, au cas où un autre incident ne vienne retarder l'entrée en service du CSeries.

Bref, les mises à pied pourraient peut-être payer en économies, mais, celles-ci ne sont pas nécessairement acquises.

Là où la réorganisation pourrait cependant être payante, c'est avec la nouvelle division de ventes de pièces. Monsieur Beaudoin n'a pas voulu donner de précision sur son poids actuel dans Bombardier, et surtout sur les espérances de création de valeur qui lui sont attachées. Il a cependant parlé "d'un grand potentiel dans le secteur".

Plus de détails devraient être communiqués en janvier. Il faudra néanmoins probablement quelques années avant que la division ne contribue de façon sentie.

Une interrogation sur les jets régionaux

Une autre interrogation, qui a fait moins de bruit dans les médias ces derniers jours, mais qui mérite une certaine attention, se trouve dans la performance d'Embraer.

À Farnborough, le constructeur brésilien a obtenu 159 commandes pour ses E-Jet. Bombardier n'a obtenu aucune commande de CRJ.

Monsieur Beaudoin a soutenu que vis-à-vis les jets régionaux actuels d'Embraer, ceux de Bombardier étaient toujours en avance. Ceux livrés à American Airline dernièrement génère même des économies de 5% sur leurs prédécesseurs, a-t-il dit.

Il a indiqué que Bombardier investissait et allait continuer à investir pour les améliorer, afin d'être en mesure de concurrencer les E-Jet deuxième génération d'Embraer, qui doivent entrer en service en 2018. "On a de bons plans et on montre aux clients comment on va rester en avance", a-t-il précisé.

C'était la première fois que l'on entendait parler de ces investissements en continue. Il n'est pas clair dans notre esprit si, après le CSeries, Bombardier ne sera pas forcée de s'embarquer dans un nouveau programme d'investissement pour s'assurer que ses CRJ demeurent concurrentiels.

Au final, que retenir?

Si elle n'est pas rendue nécessaire par des coupes de prix destinées à rendre plus attrayant le CSeries, la réorganisation est un développement positif.

Elle apporte des économies qui, s'il n'y a pas de nouveaux délais dans les vols d'essais du CSeries, aideront éventuellement à une augmentation des marges.

La nouvelle division de pièces ouvre aussi une nouvelle voie de création de richesse à long terme.

Il reste cependant à voir si la richesse potentielle créée par cette division ne sera pas pour un temps contrebalancée par la nécessité de réinvestir d'ici quelques années dans les CRJ.

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Lire aussi Bombardier: la vente d'une division n'est pas exclue

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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