Où s'en va Bombardier?

Publié le 31/07/2014 à 15:52

Où s'en va Bombardier?

Publié le 31/07/2014 à 15:52

Pierre Beaudoin, PDG de Bombardier. Photo: Bloomberg

Où s'en va Bombardier? La question était dans l'air jeudi, alors que la haute direction livrait ses résultats du deuxième trimestre et répondait aux interrogations sur son plan de réorganisation.

Voici ce qu'on retient de la discussion. Avec notre conclusion globale en fin de chronique.

Les divisions ne sont pas à vendre

La réorganisation fait en sorte que la division des avions d'affaires et celle des avions commerciaux deviennent complètement indépendantes l'une de l'autre et seront dorénavant directement sous la supervision de Pierre Beaudoin.

Elle fait également en sorte qu'une nouvelle division est créée, qui servira à donner du levier aux ventes de pièces d'avions novatrices (grâce aux derniers programmes de développement CSeries, Learjet et Global).

Le tout est accompagné d'une réduction de 1 800 postes au sein du personnel administratif.

Le but officiel est de donner plus d'agilité à l'organisation, de réduire ses coûts, et de lui permettre de prendre des décisions plus rapides lorsqu'elle voit des occasions.

En coulisses, il a beaucoup été spéculé sur le fait que la nouvelle structure pouvait aussi signifier que l'on préparait la vente de l'une ou l'autre des divisions, ou que l'on se préparait à ouvrir le capital de l'une ou l'autre à des partenaires.

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Monsieur Beaudoin a indiqué à deux reprises que des ventes ou prises de participation n'étaient pas dans les plans. Pressé sur le sujet, il n'a pas voulu l'exclure, mais en précisant qu'il ne voulait pas spéculer.

On n'a personnellement jamais cru au scénario de la vente d'une division. Simplement, parce que la famille Beaudoin n'est pas du genre à construire et à se départir de ce qu'elle construit. La vente de BRP, il y a quelques années, était à l'initiative de Paul Tellier, et n'était survenue que parce que l'entreprise était dans une très mauvaise posture. Bombardier n'en est pas là.

La possibilité d'un nouvel acteur arrivant à la division des avions commerciaux nous a cependant toujours paru une possibilité. Grâce à un partenariat avec le constructeur Comac, Bombardier tisse des liens de plus en plus étroits avec la Chine. Elle travaille d'ailleurs actuellement à une percée du marché chinois avec ses Q-400 et à l'installation d'une usine d'assemblage là-bas.

Un partenariat Bombardier-Comac permettrait peut-être éventuellement de créer un troisième géant mondial dans l'aéronautique, capable de concurrencer Airbus et Boeing. Bombardier se chargerait des plus petits appareils et Comac des plus gros.

Les troubles en Russie viennent cependant pas mal refroidir ce scénario. Bombardier est engagée dans d'importants partenariats ferroviaires avec les Russes, et les sanctions commerciales compliquent ceux-ci de jour en jour.

La Chine est aussi un pays imprévisible sur la scène mondiale, et les troubles avec la Russie permettent de douter que l'on envisage sérieusement une telle opération.

C'est une chose d'avoir quelqu'un comme partenaire régional ou dans des services, c'en est une toute autre de l'avoir pesant dans son capital et de risquer un boycott mondial.

On est donc effectivement porté à croire que les divisions resteront ce qu'elles sont, et à l'intérieur de Bombardier, pour longtemps encore.

La réorganisation paiera-t-elle?

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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