À la mode de chez nous

Offert par Les Affaires


Édition du 20 Juin 2015

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Rad Hourani : redéfinir les codes

Une galerie. C'est ainsi que Rad Hourani désigne le point de vente qu'il a ouvert il y a un an dans le Vieux-Montréal. Il préfère ce mot à celui de boutique, car il lui correspond davantage.

«Mon travail est un style de vie au moyen duquel je veux exprimer l'art, la photo, le cinéma, le design, la musique, explique celui qui est également photographe. Dans mes espaces, j'aime pouvoir faire une projection vidéo, une exposition de photos ou de livres d'artistes.»

Contrairement aux créateurs qui font appel à des designers d'intérieur, il a pensé lui-même l'aménagement de sa galerie. Un espace qu'il a voulu le plus épuré possible en privilégiant le blanc et le noir. Il a opté pour un éclairage lui aussi blanc, plutôt que jaune, et pour l'absence totale de courbes afin de refléter ses créations empreintes d'une esthétique graphique et moderne.

Ce minimalisme s'accorde bien avec la neutralité de genre des pièces conçues par M. Hourani. Depuis huit ans, les vêtements unisexes sont devenus la marque de commerce de ce créateur, qui remet en cause les codes et refuse les frontières. Sa clientèle, composée d'autant d'hommes que de femmes, présente donc un profil très varié.

«Mes créations vont à tous ceux qui savent comment porter un vêtement et l'agencer à leur garde-robe, explique-t-il. Souvent, les gens sont surpris au départ, mais me disent qu'ils deviennent vite "addicts".»

En 2013, M. Hourani est devenu le premier Canadien à intégrer le cercle très fermé de la haute couture parisienne, défilant lors de la Semaine de la mode à Paris. Né en Jordanie et arrivé à Montréal à 16 ans, il est désormais souvent à Paris, où il a ouvert une galerie en 2012 pour présenter notamment ses collections aux acheteurs des 30 pays dans lesquels ses vêtements sont vendus.

«Il faut être présent là-bas, car les acheteurs et la presse du monde entier y sont, insiste-t-il. Plus on s'expose à l'international et plus on gagne en visibilité.» Paris n'est pas la seule scène où brille M. Hourani, qui a aussi défilé à New York à plusieurs reprises.

Près de ses sous-traitants

Sa production reste exclusivement située à Montréal où, au fil des ans, il a développé un réseau de sous-traitants avec lesquels il a l'habitude de travailler. «C'est important pour moi de savoir qui coud mes vêtements, et que ce ne soient pas des enfants ou des personnes maltraitées qui le font». Environ 60 % de la production est confiée à des prestataires externes. Le reste, surtout des vestes et des trenchs plus compliqués à confectionner, est fabriqué dans son atelier, situé au même endroit que sa galerie. En tout, 8 000 pièces sont réalisées chaque année.

Ambitieux et fonceur, M. Hourani reste un homme d'affaires prudent. À l'aide de son équipe de 10 personnes, il recherche avant tout l'équilibre, loin de toute extravagance.

«On investit, on essaye de gérer intelligemment les rentrées d'argent et de ne jamais aller dans l'extrême, précise-t-il. Je veux éviter de mettre mon nom en danger, car c'est ma vie ! Ce n'est pas une entreprise que l'on peut fermer pour en ouvrir une autre.» C'est d'ailleurs grâce à ses propres économies qu'il a monté sa première collection en 2006.

Ce souci de trouver le juste milieu se retrouve également dans la manière dont il prend ses décisions d'affaires. À la fois instinctif et rationnel, il sait qu'imagination doit rimer avec commercialisation. «Je suis plus attentif qu'avant à dessiner en fonction de ce qui se vend bien», reconnaît-il. Si, au départ, chaque modèle de prêt-à-porter n'était produit qu'à une dizaine d'exemplaires, ce chiffre peut grimper à 100 pour certaines pièces.

Alors que le secteur de la mode et du luxe accuse un retard dans le commerce en ligne, M. Hourani a réussi ce virage. La part de ses ventes effectuées sur sa boutique en ligne s'élève à 35 %. Son site, au design épuré et aux lignes carrées, reprend l'identité visuelle de sa galerie. «Je crois beaucoup au virtuel», affirme celui dont la marque est présente sur Facebook, Twitter et Instagram. C'est d'ailleurs lui qui prend la majorité des photos publiées sur le compte Instagram radhourani, qui compte près de 52 000 abonnés.

Près de neuf ans après ses débuts, le designer de 32 ans se dit «heureux d'avoir survécu». Il est parvenu non seulement à se tailler une place dans un secteur où la concurrence est âpre, mais aussi à imposer son concept de vêtements unisexes. «Je suis content d'avoir réussi à communiquer mon message, se félicite-t-il. Il y a toujours des hauts et des bas dans tout, mais, en ce moment, je vis plus des hauts et du plaisir !» - Fanny Bourel

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