Ah, ces cancres de votre portefeuille!

Publié le 07/10/2016 à 14:01

Ah, ces cancres de votre portefeuille!

Publié le 07/10/2016 à 14:01

Le retour des écoliers sur les bancs d’école il y a quelques semaines m’a inspiré une analogie entre la gestion d’une classe et celle d’un portefeuille.

Règle générale, une classe québécoise regroupe une trentaine d’étudiants et, quelle que soit l’école, je serais prêt à parier qu’elle compte toujours quelques éléments «à problème», dont le nombre peut varier de deux dans le meilleur des cas à 6 ou 7 dans le pire. Ces cas à problème incluent à la fois des étudiants qui tirent de la patte du point de vue académique et d’autres dont le comportement dérange.

Or, le professeur d’une telle classe doit selon toutes probabilités consacrer 80% de ses efforts didactiques et comportementaux à ces quelque 20% de ses étudiants. C’est la règle du 80-20.

De même, n’est-il pas tout à fait normal que quelques-uns des 25 à 30 titres que comporte le portefeuille d’un investisseur, peut-être entre 3 et 8, connaissent des ratés? À mon avis, oui. Penser le contraire est non seulement illusoire, mais dangereux. Notre expérience des 30 dernières années en Bourse m’en convainc: quelle que soit la période, il y a toujours des titres de notre portefeuille qui nous font douter, qui nous donnent des sueurs froides. Et invariablement, ce sont ces titres «à problème» qui accaparent la majeure partie de notre temps de réflexion et d’analyse.

Je me souviens particulièrement des épisodes douloureux que nous ont fait vivre les titres de Semi-Tech, International Aqua Foods, Counsel, Kingsway Financial et Apollo Group… Combien avons-nous passé de temps sur ces sociétés à problème?

J’ajouterais même qu’un bon investisseur devrait constamment être aux aguets des problèmes potentiels, pour être en mesure de voire venir. En ce sens, il est sain de constamment remettre ses choix en question, de jouer à l’avocat du diable et de visualiser les pires scénarios.

Cela dit, un investisseur n’a pas besoin de frapper des coups sûrs chaque fois qu’il se présente au marbre pour obtenir de bons rendements à long terme. C’est sa moyenne au bâton qui importe.

À titre d’illustration, en septembre 2012, dans le cadre du 25e anniversaire de la publication de la Lettre financière COTE 100, nous avons analysé toutes les recommandations d’achat de titres faites au cours de la période. En moyenne, pour un total de 300 publications mensuelles, environ 30% des titres achetés nous ont procuré d’excellents rendements (dont quelques-uns ont été de grands gagnants), 25% nous ont procuré des gains modestes, 25% nous ont tout simplement fait perdre notre temps et… 20% ont été de grands perdants qui nous ont fait perdre beaucoup d’argent.

Je le répète: 20%! Ainsi, cela voudrait dire qu’en moyenne, dans portefeuille de près de 25 titres, cinq d’entre eux ont été titres perdants, des cas à problème.

Mais comme je l’ai déjà dit, l’important est la moyenne au bâton. À la date de cette analyse, le portefeuille réel de la Lettre financière COTE 100 avait malgré tout enregistré un rendement annuel composé de 10,7% depuis 1988.

En conclusion, il est tout à fait normal pour un investisseur boursier de compter quelques cancres au sein de son portefeuille. L’important est de se concentrer sur l’ensemble du portefeuille. Parlez-en à n’importe quel professeur!

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est président et chef des placements chez COTE 100, une boutique de gestion de portefeuille. Il est également éditeur de la Lettre financière par COTE 100, publiée mensuellement depuis 1988.

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