Olivier Schmouker - Comment ne pas céder à la panique?

Publié le 08/08/2011 à 09:19, mis à jour le 31/01/2012 à 21:00

Olivier Schmouker - Comment ne pas céder à la panique?

Publié le 08/08/2011 à 09:19, mis à jour le 31/01/2012 à 21:00

Aujourd’hui, une crise de panique correspond à une peur foudroyante capable de nous faire perdre tous nos moyens, à commencer par la tête. Elle peut se signaler par différents symptômes, comme la sensation d’une catastrophe imminente, des palpitations, des tremblements, des vertiges, des engourdissements, ou encore l’impression d’étouffer. Lors d’une crise violente, les symptômes peuvent survenir de manière sinusoïdale : on se sent extrêmement mal durant quelques secondes ou minutes, puis ça se calme, puis ça revient plus fort pendant un peu plus longtemps, puis ça s’atténue un peu, etc. C’est un cercle vicieux, en ceci que les symptômes mentaux et physiques s’aggravent mutuellement. Voilà pourquoi les Bourses se sont mises à chuter sans prévenir : il a suffi qu’un investisseur influent agisse de façon incohérente, et les autres l’ont vite imité, les uns après les autres, à l’image d’une avalanche qui gagne en puissance à mesure qu’elle dévale la pente neigeuse…

Est-ce aussi simple que cela? Eh bien oui. Tout bonnement en raison de la théorie de l’effet en cascade, qui veut que l’animal social que nous sommes a tendance à se rallier aux idées des autres si ceux-ci sont nombreux. «Il s’agit sans aucun doute d’un instinct social vital, qui réconcilie le «comportement groupal» avec le choix rationnel, car il est souvent rationnel pour un individu de se fier aux informations transmises par d’autres. Malheureusement, il est moins rationnel de suivre de mauvaises informations, et c’est ce qui arrive fréquemment», explique Martin Cohen, l’éditeur du magazine britannique The Philosopher, dans son livre intitulé En 31 jours, découvrez comment vous pensez (Odile Jacob, 2011).

Dans les années 1950, le psychologue américain Solomon Asch a découvert que nous étions enclins à changer d’avis, même sur des sujets factuels très simples, «afin de nous ranger du côté de la masse». Lors d’une expérience devenue célèbre, il a montré à différentes personnes des cartes sur lesquelles étaient tracées un trait, chacun d’eux étant de longueur distincte de celle des autres. Et il leur a demandé quelle carte avait le trait le plus long. Ce que chaque cobaye ne savait pas, c’était que cela se déroulerait au milieu d’un groupe de personnes complices, qui soutiendraient unanimement et mordicus que la bonne carte était une autre que celle qui avait le trait le plus long. Résultat? Un tiers des cobayes finissaient par se rallier à l’avis du groupe, au mépris de l’évidence… «Voilà qui montre à quel point le philosophe romain Sénèque est dans le vrai quand il dit que Tout homme préfère la croyance à l’exercice du jugement», souligne M. Cohen.

La question est maintenant de savoir comment mettre fin, ou du moins atténuer, une crise de panique. Faut-il partir en courant de la zone où l’on se sent en danger? Filer aux abris? Appeler à l’aide? Ou encore se résoudre à son triste sort?

En fait, le plus important est de faire un premier pas, les autres suivant après d’eux-mêmes. Un premier pas? Il s’agit de saisir que l’on est confronté à un phénomène avant tout psychologique. Cette prise de conscience est primordiale. Il importe de réaliser que non, on ne va pas mourir dans les minutes qui viennent, et que non, la catastrophe appréhendée ne va pas être aussi grave que ce qu’on anticipe.

«Nombre de personnes ont le réflexe de s’isoler pour se calmer. Cela peut être aux toilettes, dans un bureau fermé ou dans une salle de réunions vide. Là, elles commencent par reprendre leur souffle, et peu à peu, leurs esprits», indique sur son blogue Robert Leahy, directeur de l’American Institute for Cognitive Therapy à New York et auteur d’une vingtaine d’ouvrages, dont Anxiety Free.

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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