François Pouliot: Plan Nord, fait-on une bonne affaire?

Publié le 09/05/2011 à 18:15, mis à jour le 10/05/2011 à 08:19

François Pouliot: Plan Nord, fait-on une bonne affaire?

Publié le 09/05/2011 à 18:15, mis à jour le 10/05/2011 à 08:19

Le volet minier est plus intéressant, mais...

Le volet minier apparaît plus intéressant que le volet énergétique, mais il s'y trouve beaucoup de brouillard.

Québec prévoit que onze importants nouveaux projets miniers seront en exploitation dans le nord d'ici cinq ans. Onze projets qui devraient générer 8,24 G$ d'investissements, créer 11 000 emplois durant la construction, et près de 4000 emplois par année pendant l'exploitation.

Retombées sur notre 2,1 G$ investi? On ne sait trop. Les documents parlent de 1,4 G$ de redevances minières sur cinq ans, mais, vérification faîte, il s'agit d'un chiffre pour l'ensemble du Québec et non pour les projets à venir dans le nord. Sur cinq ans, c'est donc un tout petit rendement qui peut être espéré (une fraction du 1,4 G$). Et il n'est pas sûr qu'il nous fallait sortir 2,1 G$ pour qu'il se présente (les minières auraient peut-être fait leurs investissements quand même).

Ne soyons pas trop éteignoir. Certains de ces investissements ne se réaliseraient sans doute pas sans l'appui des pouvoirs publics. Et, contrairement aux projets d'Hydro, si faible soit-il, il y a au moins un rendement qui puisse être anticipé. Susceptible de grossir au-delà des cinq premières années avec l'expansion des premiers projets. Surtout qu'on peut ajouter dans son calcul les retombées fiscales d'un certain nombre d'emplois à fortes rémunération qui seront créés et qui auraient probablement été moindres sur des emplois de substitution (qui seraient créés en remplacement ailleurs en province).

Un autre bémol important cependant. Il faut être bien conscient que même ce petit rendement anticipé n'est pas dans la poche.

C'est que le Plan Nord pourrait aussi s'appeler le Plan Chine, cette grande responsable de l'envolée des prix sur le marché des ressources naturelles.

Le PIB de la Chine croît actuellement au rythme de 9-9,5%. Or, dans une récente étude, la Banque TD estime que si la croissance chinoise devait ralentir à 5% en 2012, le prix des ressources tomberait vraisemblablement de 30 à 40%. Exploiter des ressources naturelles dans le nord coûte beaucoup plus cher que dans plusieurs pays émergents. Quelque chose nous dit que si un tel ralentissement devait se produire, les projets d'investissement des minières changeraient de pays et seraient ici mis sur la glace pour quelques années.

Au final, qu'en penser?

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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