François Pouliot: Plan Nord, fait-on une bonne affaire?

Publié le 09/05/2011 à 18:15, mis à jour le 10/05/2011 à 08:19

François Pouliot: Plan Nord, fait-on une bonne affaire?

Publié le 09/05/2011 à 18:15, mis à jour le 10/05/2011 à 08:19

Le gouvernement du Québec va de l'avant avec son fameux Plan Nord. Québec s'engage-t-il dans une aventure rentable?

La question nous turlupine depuis le budget.

Pour les cinq premières années du projet, qui s'étalera en fait sur 25 ans, la province déploiera des mesures totalisant 2,1 G$. De cette somme, près de 1,2 G$ seront consacrés au développement d'infrastructures (principalement des routes), près de 400 M$ à des mesures sociales (notamment du logement), et 500 M$ proviendront finalement d'Investissement Québec (prises de participation).

Il s'est lancé toutes sortes de chiffres lors de l'annonce du projet. Officiellement, sur 25 ans, il se fera des investissements de plus de 80 G$ au nord du 49e parallèle. Ce qui permettra de créer ou consolider en moyenne 20 000 emplois par année, en plus d'engendrer des revenus de 14 G$ pour le gouvernement.

On ne parierait surtout pas la maison là-dessus.

Le volet énergie est discutable

Essentiellement, si l'on comprend bien le plan, des 80 G$ d'investissements sur 25 ans, 47 G$ proviendront du développement d'énergies renouvelables.

C'est donc Hydro-Québec qui soutiendra en grande partie l'effort de développement du nord. Or, si Hydro doit investir dans le nord, on ne peut pas dire que les étoiles soient actuellement très bien alignées.

Avec le développement des gaz de schiste en Amérique du nord, le prix de l'électricité a fondu sur le marché. Si bien que, comme le rapportait récemment La Presse, le prix de départ du contrat de 26 ans récemment conclu avec le Vermont est de 5,8 cents le kilowattheure. Le chiffre est à mettre en relation avec les coûts de production des barrages actuellement en construction, comme celui de la Romaine, qui sont à plus de 10 cents le kilowattheure.

Plus on ira au nord, plus il en coûtera cher et plus le risque de non rentabilité s'accentuera.

Oui, il se créera des emplois pour la construction des nouveaux barrages que l'on ajoute au plan stratégique d'Hydro, et il y aura des retombées fiscales. Mais si c'est pour par la suite creuser la rentabilité d'Hydro-Québec, il vaut mieux y penser à deux fois avant d'aller de l'avant.

Plus de la moitié des retombées prévues au Plan Nord sont donc dès le départ frappées d'une très importante incertitude.

Le volet minier est plus intéressant, mais…

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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