Entrevue n°244: Michael Green, directeur, Social Progress Imperative


Édition du 18 Avril 2015

Entrevue n°244: Michael Green, directeur, Social Progress Imperative


Édition du 18 Avril 2015

Par Diane Bérard
D.B. - Comment doit-on interpréter les résultats du SPI ?

M.G. - Les pays devraient comparer leur niveau de développement économique avec leur niveau de développement social. Cela permet de voir si un État, une société, tire profit des fruits de son développement économique. Les États-Unis, par exemple, sous-performent socialement par rapport à leur niveau de richesse, alors que le Rwanda sait tirer beaucoup plus d'une richesse bien plus faible. Le Costa Rica, pour sa part, affiche un SPI plus élevé que l'Italie tout en ayant un PIB trois fois moindre. Cela signifie que le Costa Rica investit son capital plus efficacement.

D.B. - Jusqu'à quel point une société plus riche est-elle plus développée sur le plan social ?

M.G. - Règle générale, plus une société s'enrichit, plus l'indice de progrès social grimpe. C'est surtout vrai dans les pays pauvres. Là-bas, tout accroissement du PIB se traduit automatiquement par plus de médecins et plus d'eau potable, par exemple. Mais au-delà d'un certain seuil, la corrélation entre progrès économique et progrès social est inversée. Les sociétés plus riches connaissent des problèmes de santé, d'obésité par exemple. Et le niveau de pollution augmente.

D.B. - Les pays au SPI plus élevé sont-ils mieux gouvernés ?

M.G. - Pas nécessairement, chaque histoire est différente. Plusieurs acteurs peuvent influer sur le développement social d'un pays. Prenez le cas du Pakistan et du Bangladesh. Le Bangladesh affiche un SPI plus élevé que le Pakistan. Pourtant, le gouvernement du Bangladesh n'est pas particulièrement impressionnant. Par contre, l'entrepreneuriat social bangladais est vigoureux. Peut-être que ces entrepreneurs ont contribué à réduire les problèmes sociaux et environnementaux.

D.B. - À qui et à quoi sert le SPI ?

M.G. - En décembre 2014, le Paraguay a été le premier pays à élaborer à la fois un plan de croissance économique et un plan de croissance sociale. Pendant ce temps, le gouverneur de l'État de Para, dans la forêt amazonienne brésilienne, s'est donné pour objectif de rendre son SPI comparable à celui des régions les plus avancées du Brésil.

D.B. - En quoi le SPI peut-il être utile à une entreprise ?

M.G. - Certaines entreprises s'en servent pour prioriser leurs investissements communautaires. La revue du pointage de chacun des indicateurs sociaux permet à l'entreprise de déterminer les besoins les plus pressants et de mieux cibler ses interventions. Coca-Cola et la société de cosmétiques brésilienne Natura font partie des sociétés qui s'appuient sur le SPI.

D.B. - Vous «franchisez» le SPI ; qu'est-ce que cela signifie ?

M.G. - Nous estimons que le SPI est un bien public qui doit être disponible pour tous. Nous mettons donc notre méthodologie à la disposition des États ou des régions qui le désirent. La Commission européenne est en train de développer son propre SPI - pour déterminer les enveloppes d'aide aux régions - de même que l'État du Michigan. Et certaines provinces canadiennes viennent de nous approcher.

D.B. - Comment le Canada se classe-t-il en matière de SPI ?

M.G. - Les deux points faibles sont l'obésité et les abonnements à la téléphonie mobile. Le Canada se classe 102e sur 133 pays pour ce qui est du pourcentage d'obésité. Et il occupe la 101e place quant à la proportion d'abonnements à la téléphonie mobile. L'obésité est un problème de pays riches et de pays qui s'enrichissent. Le faible score du Canada en matière d'abonnements au mobile s'explique plus difficilement.

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