Pas si mal, le plan Geithner?

Publié le 13/02/2009 à 00:00

Pas si mal, le plan Geithner?

Publié le 13/02/2009 à 00:00

Dans un contexte d’incertitude, l’absence de détails alimente le doute. C’est ce que le marché n’a pas pardonné au secrétaire au Trésor américain, Tim Geithner, après la présentation de son plan pour sauver les banques américaines.

Les économistes ne partagent pas le scepticisme du marché. «Si Tim Geithner est apparu faiblard aux yeux du marché, son plan pourrait s’avérer plus efficace qu’on ne le pense», soutient Avery Shenfeld, économiste en chef adjoint à la CIBC.

«Compte tenu de l’énormité et de la complexité de la crise bancaire, il était irréaliste de s’attendre à trop de détails de la nouvelle administration à cette étape», pense Michael Gregory, économiste à la BMO.

En bref, Tim Geithner se propose d’employer le solde des 350 milliards de dollars américains que lui a légué son prédécesseur Henry Paulson pour racheter des banques commerciales leurs actifs dits toxiques. Il pense aussi en rajouter un peu plus de la part de l’État et attirer les investisseurs privés dans le processus, étoffant ainsi le volume du plan à mille milliards de dollars américains.

Par ce biais, il espère que les banques aux bilans assainis seront mieux disposées à prêter, jetant les bases d’une relance économique.

Le juste prix

L’inconvénient est que Tim Geithner se bute aux mêmes obstacles qui avaient emmené son prédécesseur à bifurquer en cours de route. Comment évaluer ces actifs toxiques à leur juste prix alors que les marchés eux-mêmes sont si tordus que les prix n’ont plus de sens ? Et comment trouver un prix quand les racheteurs sont des investisseurs privés qui visent le profit en bout de ligne ?

La participation du privé au plan a contribué dans un premier temps à alimenter le scepticisme. «Les investisseurs privés pourraient être incités à négocier si serré que les banques ne seraient plus disposées à se défaire de leurs actifs à ces prix», souligne l’économiste Kurush Mistry de Barclays Capital.

Pour Carlos Leitao, économiste en chef de la Banque Laurentienne, la participation du privé est, au contraire, une avancée vers la découverte du juste prix pour ces actifs.

«Les actifs ne seront pas évalués par les seuls fonctionnaires responsables de la mise en œuvre du plan, mais aussi par des experts du privé. On a ainsi de meilleures chances que le prix de rachat se rapproche de la valeur équitable», dit-il.

Quant à savoir s’il existera des investisseurs privés désireux de se lancer dans cette aventure, ce problème ne serait pas insurmontable, selon l’économiste Avery Shenfeld de la CIBC. «La Réserve fédérale pourrait donner un coup de pouce sous la forme de prêts à bon marché», dit-il.

Stress test

Au chapitre des critiques, on reproche aussi à Tim Geithner son «stress test», pour distinguer les banques susceptibles d’être aidées de celles qui n’en vaudraient pas la peine. Seules celles démontrant une capacité à rebondir et à prêter recevraient des fonds. Qu’adviendrait-il alors des autres banques ?

«Le plan n’est pas explicite mais les investisseurs craignent que l’absence de détails  signifie que les maillons les plus faibles du système bancaire soient des candidats à la nationalisation totale, car leur faillite mettrait à mal la stabilité du système financier dans son ensemble», explique Carlos Leitao.

Autre inconvénient du stress test : s’il est trop flexible, les banques vulnérables seraient ainsi aidées à tort, ce qui ne servirait qu’à «retarder l’inéluctable dans un scénario à la japonaise», explique Kurush Mistry.

Quelle banque pourrait trébucher au stress test?


Quelles sont donc les qualités de ce plan ?

Dans les faits, Carlos Leitao apprécie son approche «disciplinée et systématique». Démontrant moins d’empressement que son prédécesseur, Tim Geithner privilégie la méthode et la précision dans son action.

C’est aussi le sentiment de Kurish Mistry qui apprécie le fait que Tim Geithner ait indiqué vouloir «solliciter le conseil et créer un plan d’apprentissage», afin de rectifier le tir en cas de besoin.

Autre qualité du plan : il est sensiblement plus ambitieux en volume que celui d’Henry Paulson. Le solde de 350 milliards de dollars américains laissé par l’administration sortante s’avérait insuffisante. Timothy Geithner propose de relever la part de l’État à 500 milliards et, avec l’aide du privé, de le porter à un total de mille milliards.

Il n’empêche que, même gonflé à bloc, ce plan paraît mince par rapport au volume des actifs qui empoisonnent les bilans. Barclays capital estime la valeur de ces actifs à un montant qui se situerait «quelque part entre 1,9 et 2,8 milliards de dollars américains».

La faiblesse relative du plan n’inquiète pourtant pas Avery Shenfeld, économiste à la CIBC. «Le Trésor fait aussi mention de la possibilité d’imposer des évaluations plancher pour ces actifs, comme il l’a déjà fait pour sortir deux géants de la crise précédente (NDLR : Citigroup et AIG ont reçu des garanties de l’État leur permettant d’opérer). Il n’est pas nécessaire de racheter tous ces actifs pour assumer le risque d’une perte de valeur», dit-il

Au final, les économistes accordent encore une chance à Tim Geithner et à l'instar de Kurush Mistry de Barclays Capital, optent pour un «optimisme prudent». Mais il n'empêche que Tim Geithner devra rapidement apporter du nouveau. À défaut de quoi, la punition du marché pourrait lui être fatale.

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