Communautaire: «huit jours par semaine» seraient encore insuffisants

Publié le 10/10/2023 à 13:22, mis à jour le 12/10/2023 à 07:50

Communautaire: «huit jours par semaine» seraient encore insuffisants

Publié le 10/10/2023 à 13:22, mis à jour le 12/10/2023 à 07:50

Par La Presse Canadienne

Warren Maddox, directeur général des refuges pour sans−abri de Fredericton, au Nouveau−Brunswick, affirme que le personnel est témoin de plus de désespoir, de plus de violence et d’un plus grand nombre de personnes dans des états de crise extrêmes. (Photo: La Presse Canadienne)

Ceux qui travaillent avec des personnes confrontées à l’itinérance et à la pénurie alimentaire affirment que les employés portent un énorme fardeau émotionnel, alors que la demande de services dépasse ce que leurs organisations peuvent fournir.

Au Nouveau-Brunswick, un directeur d’un réseau de refuges affirme que son personnel est témoin de plus de désespoir, de plus de violence et d’un plus grand nombre de personnes dans des états de crise extrêmes. À Montréal et en Ontario, les directeurs de banques alimentaires sont obligés de prendre des décisions déchirantes pour réduire la quantité de nourriture que reçoivent leurs clients, dans le but d’en avoir suffisamment pour tout le monde.

«Le fait que le poids de cette crise sociale systémique massive retombe sur des organismes communautaires sous-payés, sursollicités et sous-financés et sur leurs équipes est inadmissible», a déclaré Tasha Lackman, directrice générale du Centre alimentaire communautaire Dépôt, à Montréal.

«C’est une période très difficile pour travailler dans ce secteur», a-t-elle ajouté.

Alors qu’une grande partie du pays est aux prises avec une inflation élevée et une pénurie généralisée de logements abordables, les banques alimentaires font état d’une demande record.

Mme Lackman a déclaré que son centre alimentaire communautaire était en voie de distribuer près de 19 000 paniers alimentaires d’urgence en 2023, contre environ 10 000 l’année dernière. Le centre est en mesure de répondre aux besoins supplémentaires, car Mme Lackman et son équipe ont plafonné le nombre de personnes qu’ils servent et réduit la quantité de nourriture qu’ils mettent dans chaque panier, a-t-elle expliqué.

«Je dois constamment prendre des décisions très difficiles qui ont un impact sur mon équipe et la communauté, a déclaré Mme Lackman dans une entrevue. C’est extrêmement lourd.»

Le nombre de personnes franchissant la porte est passé d’une moyenne quotidienne d’environ 150 à 280 lors des jours de pointe, a-t-elle calculé. Cela signifie que les bénévoles et le personnel travaillent plus dur, mais constatent que leurs efforts ont moins d’impact.

«Ils veulent aider et soutenir les gens, et au lieu de cela, dans certains cas, ils refusent les gens et doivent dire “Non”», a relaté la directrice, qui craint qu’ils ressentent un sentiment de détresse en étant confrontés à une situation qui viole leurs convictions fondamentales.

«Huit jours par semaine» seraient encore insuffisants

Krista D’aoust, directrice du Neighbour to Neighbour Centre, à Hamilton, en Ontario, souffre régulièrement de culpabilité parce que le centre ne peut plus répondre aux besoins de sa communauté.

«C’est comme si nous pourrions être ouverts huit jours par semaine, si c’était possible, sans pour autant endiguer la marée, a-t-elle confié lors d’une récente entrevue. Ça fait mal, n’est-ce pas? C’est vraiment, vraiment, vraiment difficile.»

Les gens qui viennent au centre ne sont plus simplement sans nourriture ; ils ont également du mal à payer leur loyer ou sont malades parce qu’ils sont sous-alimentés et sans logement, a souligné Mme D’aoust.

Comme Mme Lackman, elle a constaté que le problème du logement et la faim dans sa communauté dépassaient de loin les capacités des organismes de bienfaisance et des banques alimentaires. Le problème nécessite des solutions systémiques, a-t-elle déclaré, en commençant par un engagement de ceux qui sont au pouvoir à prendre soin des personnes vulnérables.

Warren Maddox, directeur général des refuges pour sans-abri de Fredericton, au Nouveau-Brunswick, a déclaré qu’il est plus difficile de garder le moral du personnel alors qu’un nombre croissant de personnes dans la province se retrouvent sans endroit où dormir.

«La demande pour ce que nous sommes en mesure de fournir dépasse largement ce que nous sommes capables de faire, a-t-il relevé. Le nombre de sans-abri ne cesse d’augmenter, d’augmenter, d’augmenter, et c’est vraiment décourageant.»

Les employés sont témoins d’une augmentation du désespoir, de la violence et du nombre de personnes se trouvant dans des états de crise extrêmes, a-t-il souligné. Ils ont remarqué une augmentation du nombre de femmes utilisant le refuge pour fuir la violence conjugale, ainsi qu’un plus grand nombre de clients toxicomanes. En conséquence, la demande du personnel envers le conseiller en santé mentale interne de l’organisation a augmenté.

M. Maddox a reconnu que lui aussi trouvait le travail plus difficile.

«C’est juste plus de tout et c’est plus intense, a-t-il déclaré. Le problème s’aggrave, mais nous ne voyons pas les solutions plus importantes qui doivent être apportées.»

 

Sarah Smellie, La Presse Canadienne


 

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