Nestlé sous pression de ses actionnaires au sujet des aliments sains

Publié le 18/04/2024 à 15:23

Nestlé sous pression de ses actionnaires au sujet des aliments sains

Publié le 18/04/2024 à 15:23

Par AFP

Le géant de l’alimentation s’est engagé à commercialiser les friandises de manière responsable, notamment en limitant les portions pour les glaces et friandises pour enfants à 110 kilocalories ou moins. (Photo: 123RF)

Nestlé a dû répondre jeudi de sa stratégie en matière d’aliments sains lors de son assemblée générale annuelle, des actionnaires ayant fait pression pour que le groupe se dote d’objectifs plus stricts. 

Le scandale autour de l’eau en bouteille et les questions concernant la teneur en sucre des aliments pour bébé «écornent la confiance» et montrent «la nécessité» pour Nestlé de se doter d’objectifs plus contraignants, a déclaré Vincent Kauffmann, le directeur de la fondation Ethos, lors d’une prise de parole durant l’assemblée générale qui s’est tenue près de Lausanne.

Cette fondation, qui représente des caisses de retraite en Suisse, faisait partie des organisations qui soutenaient une résolution déposée par l’ONG britannique ShareAction pour contraindre le groupe suisse, propriétaire entre autres des dosettes de café Nespresso, bouillons Maggi et barres chocolatées KitKat, de faire davantage d’efforts pour augmenter la part des aliments sains dans son chiffre d’affaires.

La résolution était également soutenue par les sociétés de gestion d’actifs Legal and General Investment Management, Candriam et La Francaise Asset Management. L’organisation actionnariale suisse Actares avait également appelé à voter en sa faveur.

Les actionnaires l’ont rejeté par 87,88% des voix, contre 11,07% en sa faveur et 1,05% d’abstentions.

 
Un signal fort

«Nous ne pensions pas que la résolution serait adoptée», a confié à l’AFP Thomas Abrams, qui représentait l’ONG à l’assemblée générale.

«Mais nous avons réussi à envoyer un signal très fort pour montrer que les investisseurs sont inquiets», a-t-il affirmé.

En septembre, Nestlé s’était fixé pour objectif de faire croître la part des aliments les plus nutritifs dans son chiffre d’affaires de 50% d’ici 2030.

Les laits infantiles pour les bébés jusqu’à 12 mois, qui sont soumis à une réglementation stricte, et les produits pour animaux de compagnie, ne sont pas inclus dans le calcul.

Le géant de l’alimentation s’est également engagé à commercialiser les friandises de manière responsable, notamment en limitant les portions pour les glaces et friandises pour enfants à 110 kilocalories ou moins.

Mais cet objectif inclut des produits comme le café, «qui n’a pas de valeur nutritionnelle», avait fait valoir ShareAction lorsque le dépôt de la résolution avait été annoncé mi-mars.

Nestlé peut donc «simplement vendre plus de café» pour atteindre son objectif, avait argumenté l’ONG, qui avait donc exigé un vote pour contraindre le groupe à être plus précis.

Nestlé est la plus grande entreprise agroalimentaire dans le monde et a une influence énorme sur le régime alimentaire de milliards de personnes, avait défendu l’ONG, soulignant que la législation risquait de durcir dans de nombreux pays face aux coûts grandissants de l’obésité pour les systèmes de santé.

À l’avenir, «Nestlé, qui dépend aussi lourdement des aliments les moins sains, se trouvera en moins bonne position», a argumenté M. Abrams, estimant qu’il était dans l’intérêt des actionnaires que Nestlé renforce la part des ventes réalisées avec des aliments plus sains.

Paul Bulcke, le président de Nestlé, a défendu la stratégie de groupe, expliquant que l’objectif était bien de renforcer les produits sains, mais que l’entreprise divergeait quant aux demandes de ces actionnaires sur les moyens d’y parvenir.

«Les consommateurs sont de plus en plus soucieux de leur santé et conscients des bienfaits d’une alimentation équilibrée» et «nous disposons de l’expertise nécessaire pour les accompagner dans cette démarche», a-t-il défendu.

En début d’année, Nestlé a reconnu avoir utilisé en France et en Suisse des traitements de désinfection pour «garantir la sécurité alimentaire» de ses eaux en bouteille alors que ces traitements sont interdits pour les eaux minérales.

Mercredi, l’ONG Suisse Public a de son côté mis en cause les produits pour bébé de Nestlé, affirmant que des produits comme les céréales pour bébés Cerelac contiennent du sucre ajouté dans des pays comme les Philippines, le Nigeria ou le Sénégal, alors qu’elles n’en contiennent pas du tout en Allemagne ou au Royaume-Uni.

 

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