La vérité a-t-elle toujours du bon?

Publié le 16/12/2011 à 09:09, mis à jour le 22/12/2011 à 14:23

La vérité a-t-elle toujours du bon?

Publié le 16/12/2011 à 09:09, mis à jour le 22/12/2011 à 14:23

Toutes les vérités ne sont pas belles à voir. Photo : DR.

BLOGUE. Peut-être êtes-vous comme moi : quand un docteur me prescrit un médicament, je ne peux m’empêcher de me demander pourquoi il me dit de prendre celui-ci et pas un autre similaire, mais d’une autre marque. S’est-il fait payer par la compagnie pharmaceutique pour inscrire sur ma prescription ce médicament-là, et pas un autre? Me donne-t-il le meilleur médicament, ou bien celui qui fait son affaire? Suis-je victime, dans le fond, d’un conflit d’intérêts?

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Vous me direz que je suis parano, que tous les docteurs se doivent de respecter un code de déontologie tr`s strict, que s’il y avait de réels conflits d’intérêts dans la profession, ça se saurait depuis longtemps. Je vous l’accorde bien volontiers. La raison est de votre côté. Cependant, cette idée fixe me vient à l’esprit à chaque fois, c’est plus fort que moi.

Pourquoi? Probablement parce que je n’en ai jamais fait part aux premiers concernés, parce que je n’ai jamais osé leur poser la question au moment où ils remplissent la prescription. Oui, parce que leur demander une plus grande transparence m’effraie a priori : et s’ils me disaient que, c’est vrai, ils ont eu leurs frais de séminaire aux Caraïbes entièrement payés par la compagnie pharmaceutique qui fabrique les petites pillules que je vais devoir prendre durant les dix prochains jours? Et s’ils me disaient que, certes, ils avaient déjà eu un «petit cadeau» de leur part, mais que ça n’influençait nullement leur choix de médicaments? Et s’ils balayaient du revers de la main mes soupçons, en m’affirmant que les conflits d’intérêts, il n’y en avait jamais avec eux? Serais-je plus «rassuré» pour autant?

En fait, la véritable interrogation derrière ce raisonnement est la suivante : la vérité a-t-elle toujours du bon?

Voulez-vous avoir la réponse? Je crois l’avoir trouvée dans une étude fort intéressante, intitulée How doctor’s disclosures increase patient anxiety. Celle-ci est signée par Sunita Sah, professeure d’éthique de la Fuqua School of Business, George Loewenstein, professeur d’économie et de psychologie de la Carnegie Mellon University, et Daylian Cain, professeur d’économie et de psychologie à la Yale School of Management. Elle met au jour le fait que la vérité est une épée de Damoclès…

Ainsi, les trois chercheurs ont procédé à deux expériences pour voir ce qui se passerait dans le cas où un docteur dirait ouvertement à ses patients que ses prescriptions étaient influencées par des intérêts personnels, que ceux-ci soient financiers ou autres (par exemple, l’avancement de sa carrière). Un cas de figure, bien entendu, purement hypothétique ; c’est que le cœur de l’étude n’est pas le conflit d’intérêts, mais l’impact que celui-ci peut avoir dans la relation entre le patient et le docteur.

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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