Retraites: revers des syndicats et mauvais travail des députés

Publié le 20/08/2014 à 19:31

Retraites: revers des syndicats et mauvais travail des députés

Publié le 20/08/2014 à 19:31


Le très décevant travail des parlementaires

Ce qui aura le plus marqué cette commission parlementaire est cependant le très mauvais travail des élus de l'Assemblée nationale.

Dès le départ, on a bien senti qu'à part le ministre Pierre Moreau, les députés possédaient mal leur dossier.

Il est en outre étonnant que l'ancienne ministre Agnès Maltais, qui était responsable du dossier jusqu'à la défaite électorale, n'ait pas été sur le banc du PQ.

Les maires des municipalités ont beaucoup insisté sur l'importance des conditions des employés municipaux. Le maire de Québec, Régis Labeaume, est d'ailleurs à plusieurs reprises revenu sur le fait que leur rémunération était de 38% supérieure à celle des employés du gouvernement du Québec.

À la fois Montréal et Québec ont également à juste titre fait valoir que le compte de taxes avait beaucoup grimpé ces dernières années à cause des régimes de retraite.

Personne chez les parlementaires n'a cependant semblé réaliser que les municipalités se gardaient d'indiquer que le projet de loi était sur le point, non pas de garantir la pérennité des retraites, mais plutôt de leur permettre de réaliser un intéressant coup d'argent.

-Combien d'argent le partage 50-50 des déficits et la règle du 18% de la masse salariale permettront-il aux Villes de Québec et Montréal de récupérer par rapport à ce qu'elles paient actuellement? Où sera affecté cet argent récupéré?

-Quel sera l'impact de l'opération de réduction des régimes de retraite quant au positionnement des travailleurs municipaux par rapport aux autres travailleurs? Où les municipaux se situeront-ils après coup face à la rémunération des syndiqués du privé (qui est 21,7% plus élevée que celle des fonctionnaires ) ou de celle du fédéral (qui est 22% plus élevée qu'au provincial)?

Aussi incroyable que cela puisse paraître, ces questions n'ont jamais été posées.

Il y a beaucoup de millions en jeu. Seule la Ville de Québec joue avec un peu de transparence. On ne sait trop comment tout cela se répercutera dans son compte de taxes (parce qu'on ignore quel est actuellement son coût annuel de renflouement sur la base de son déficit de 500 M$), mais ses engagements envers les régimes de retraite viennent d'un coup de baisser de 170 M$. Alors même, qu'il y a un an, à cette même commission parlementaire, il n'était aucunement envisagé de permettre aux municipalités de baisser leurs engagements.

Il ne s'agit pas de dire que les régimes ne doivent pas être restructurés et que le statu quo doit être maintenu. Loin de là. La préretraite à 55 ans, et même à 60 ans, est un non-sens. Il est aussi nécessaire que les salariés contribuent davantage aux régimes de retraite. En fait, on est même personnellement assez favorable à une annulation temporaire de l'indexation, parce qu'elle fait beaucoup de bien à l'état de santé des régimes et que l'inflation est faible ces années-ci.

Mais, dans l'évaluation de la force de l'effort demandé aux salariés et retraités, il aurait aussi été nécessaire de connaître la force de la ristourne que ce projet de loi accorde aux municipalités.

On ne la connaît toujours pas. Et personne n'a même posé la question.

Incompréhensible.

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À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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