Retraites: revers des syndicats et mauvais travail des députés

Publié le 20/08/2014 à 19:31

Retraites: revers des syndicats et mauvais travail des députés

Publié le 20/08/2014 à 19:31

Photo Bloomberg.

Il y aura encore beaucoup de bruit dans les prochains jours et prochaines semaines, mais le débat sur les régimes de retraite des municipalités est maintenant réglé. Les syndicats et retraités perdront la bataille. Entre-temps, les parlementaires assignés au dossier devraient vraiment réfléchir sur la qualité de leur travail, qui, en commission parlementaire, a été fort décevante.

Avant le savon aux députés, allons au fond.

Pourquoi affirme-t-on que les syndicats et retraités viennent de perdre la bataille?

Un nom: Alban D'Amours.

Le témoignage du président du groupe de travail sur les régimes de retraite, et ancien grand patron de Desjardins, était grandement attendu.

Le projet de loi allait plus loin que le rapport de son groupe sur un certain nombre de points, qui sont en fait le cœur du bras de fer.

Dans son rapport, monsieur D'Amours suggérait que l'indexation pourrait être enlevée aux retraités, mais à la suite d'un vote des retraités comportant une bonne majorité de consentements. Le projet de loi du gouvernement décrète l'annulation de l'annulation, sans nécessité de consentement. Alban D'amours a estimé que la mesure était nécessaire.

SUIVRE SUR TWITTER: F_POULIOT

En fait, il a indiqué que le droit de l'employeur de suspendre l'indexation "devrait être en fonction de la situation financière du régime", mais il a plus tard indiqué qu'un régime en bonne santé financière devait être capitalisé à 100%. Du moment qu'un déficit existe, à moins qu'il ne soit lilliputien, on voit mal comment la très grande majorité des retraités ayant une indexation ne la perdront pas.

Cette déclaration à l'effet qu'un régime en santé devait être capitalisé à 100% est aussi venue fortement miner l'argumentaire des syndicats, à l'effet qu'un régime capitalisé à 85% était un régime en santé. Les compressions davantages auraient été moindres dans cette situation, mais monsieur D'Amours n'a pas bronché.

L'ancien président de Desjardins est aussi venu donner son aval à la mesure qui prévoit que le coût maximum du service de retraite (incluant les cotisations de renflouement) devrait être de 18% de la masse salariale (20% pour les policiers pompiers). Son avis était particulièrement attendu sur cette question qui force des régimes non déficitaires à quand même significativement abandonner des avantages.

Enfin, même si des proportions spécifiques n'ont pas été mentionnées, on a compris qu'il était d'accord avec un partage 50-50 du déficit passé.

À titre de président de Desjardins, monsieur D'Amours a longtemps eu à arbitrer les impératifs financiers du Mouvement avec ses impératifs coopératifs et sociaux. En donnant sa bénédiction aux principaux éléments controversés du projet de loi, il envoie au grand public un important signal d'acceptabilité sociale. Avec une image déjà ternie par des moyens de pression excessifs, monsieur D'Amours était pas mal le dernier espoir des syndicats d'infléchir, du moins partiellement, le gouvernement.

Le très décevant travail des parlementaires

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

Blogues similaires

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?