Combien récupéreront les municipalités?
On a tenté de le savoir, lundi, mais les maires ont répondu que chaque régime de retraite était dans une position différente et qu'il était impossible de s'avancer.
C'est encore une fois une moitié de vérité. Les municipalités connaissent le déficit de leur dernière évaluation actuarielle et ont une idée de celle qui s'en vient. Elles sont en mesure de calculer combien l'annulation de l'indexation des rentes des retraités rapportera, et combien la division en deux du déficit rapportera.
La preuve en est que le maire de Québec, Régis Labeaume, nous a fourni les chiffres pour sa ville. Au total, sur la dernière évaluation officielle de 2010, le projet de loi permet de récupérer 141 M$ (27% du déficit). La Ville anticipe que la prochaine évaluation actuarielle devrait faire passer son déficit de 517 M$ à autour de 616 M$. Mais, même à cela, elle économisera encore 80 M$.
C'est beaucoup d'argent. Et ce sera des montants plus colossaux encore pour Montréal. Non pas parce que Montréal est plus grosse, mais parce que la Ville de Québec continuera d'assumer à 100% un important déficit de l'ex-ville de Québec, alors que Montréal ne semble avoir que peu d'obligation pour son ex-ville. En pourcentage, les récupérations budgétaires seront nettement plus importantes qu'à Québec. Aussi paradoxale que cela puisse paraître, les efforts du maire Régis Labeaume sur les régimes de retraite rapporteront beaucoup plus à la métropole qu'ils ne lui rapportent à lui.
Agacé, mais compréhensif
On est ressorti agacé donc, du fait que les maires cherchent à cacher l'opération de récupération financière en cours, et surtout son ampleur.
Un peu compréhensif aussi, cependant. Il circule des chiffres à l'hôtel de ville de Montréal qui font un peu frémir. Ainsi, dans les 12 dernières années, le budget de la Ville a grimpé de 1,2 G$ et la masse salariale a représenté 1 G$ de cette hausse. Une hausse du déficit actuariel de 470 M$ explique la situation.
Pour chaque 1000$ de salaire, 400$ vont apparemment aux régimes de retraite.
C'est nettement disproportionné.
Les pro-respect de la parole donnée diront que cette disproportion devrait naturellement fondre de façon appréciable dans les prochaines années lorsque reviendront des taux d'intérêt plus élevés.
D'autres diront qu'il est temps de réduire les avantages des régimes municipaux parce que la rémunération des employés est trop en avant de celle des autres groupes d'employés.
Il y a place au débat.
Mais que l'on cesse de dire que le projet de loi sur les régimes de retraite n'a pour but que d'assurer la pérennité des fonds de pension. C'est une opération de financement des municipalités, avalisée par une loi spéciale du gouvernement du Québec.
Voilà la vérité.
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