Pouliot - Loblaw-Shoppers: Jean Coutu, Metro et Couche-Tard doivent-ils trembler?

Publié le 16/07/2013 à 09:28, mis à jour le 16/07/2013 à 14:35

Pouliot - Loblaw-Shoppers: Jean Coutu, Metro et Couche-Tard doivent-ils trembler?

Publié le 16/07/2013 à 09:28, mis à jour le 16/07/2013 à 14:35

Coup difficile pour Metro

Ça doit devenir de plus en plus frustrant pour la direction de Metro. Il y a quelques semaines, c'est une autre concurrente, Sobeys, qui améliorait son pouvoir d'achat en achetant Safeway Canada, dans l'Ouest.

Non seulement Sobeys améliorait-elle son pouvoir d'achat, mais elle venait aussi diminuer celui de Metro. Safeway est en effet membre de United Grocers, un important regroupement d'achats auquel participe Metro. Il est désormais assuré que Safeway sortira bientôt du regroupement et que celui-ci perdra du pouvoir de négociation.

Réaction possible?

Jean Coutu serait à l'évidence une cible intéressante. Elle permettrait d'obtenir au Québec une force de frappe apparentée à ce que vient d'obtenir Loblaw. Malheureusement, Jean Coutu ne semble pas du tout intéressée à vendre.

Reste Overwaitea, le dernier gros épicier indépendant du Canada, avec 130 établissements. C'est un prix de consolation, en ce qu'Overwaitea est aussi dans le groupement d'achat United Grocers et qu'une acquisition n'aurait probablement pas tant d'effets synergiques. La transaction permettrait cependant à Metro de prendre racine dans l'Ouest, de devenir un joueur national, et d'implanter ses techniques de mise en marché. Des techniques qui ont fort bien fait ces dernières années et qui pourraient remonter la rentabilité des établissements de l'Ouest.

Jean Coutu: probablement moins pire

En théorie, c'est aussi un coup dur pour Jean Coutu. Pharmaprix aura accès à de nouveaux produits (beaucoup de marques privées) et à d'autres produits courants qu'elle paiera moins cher.

En pratique, c'est moins clair. Jean Coutu et cie misent surtout sur leur comptoir de prescription pour amener de la clientèle dans leurs établissements. Les prix et les spéciaux sont une chose, mais une bonne partie du volume d'affaires vient du fait que le consommateur achète accessoirement des produits en allant renouveler ses prescriptions.

Or, la transaction ne changera pas la donne. Avant comme après, Jean Coutu demeure avec une part de marché qui n'est pas très loin de 50% des médicaments prescrits au Québec.

La transaction n'attaque pas non plus ce qui semble être le plan de match de la famille Coutu. Celle-ci veut certes protéger ses activités traditionnelles, comme en fait foi l'introduction prochaine de 150 produits de marques privées. Mais elle apparaît voir sa croissance à un autre niveau.

Ces dernières années, elle a surtout utilisé son réseau pour donner du levier à des initiatives manufacturières. ProDoc, dans le médicament générique, a lancé le bal. Medicus, un fabricant d'appareils orthopédiques, dans lequel elle a une participation de 50%, a suivi. Il pourrait bien y avoir d'autres leviers du genre sous examen.

Le titre a cependant bondi de près de 5% en journée. Le marché semble croire que Coutu pourrait se mettre en vente. Il est loin d'être sûr que le bond tienne.

Couche-Tard: le point d'interrogation

La chaîne de dépanneurs a moins fait parler, mais on peut se demander si elle ne sera pas affectée.

Avec un pouvoir d'achat accru, Shoppers a désormais plus de moyens d'agir sur les prix. Bien qu'en croissance, le nombre d'établissements Pharmaprix et leur positionnement ne sont pas nécessairement une très grande menace au Québec. Mais dans le reste du pays, Shoppers a un redoutable parc immobilier.

Si l'offre de produits évolue de manière à dupliquer en partie celle des dépanneurs (Couche-Tard développe notamment le prêt-à-manger), il pourrait y avoir quelques dommages collatéraux.

Cela dit, les dommages seraient somme toute restreints. Couche-Tard est davantage aujourd'hui une société américaine, dont la majorité des revenus proviennent des États-Unis, et qui prend de l'expansion en Europe.

SUIVRE SUR TWITTER: F_POULIOT

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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