François Pouliot: Bombardier, la CSeries menacée?

Publié le 03/12/2010 à 09:12, mis à jour le 03/12/2010 à 09:10

François Pouliot: Bombardier, la CSeries menacée?

Publié le 03/12/2010 à 09:12, mis à jour le 03/12/2010 à 09:10

À titre d'exemple, un Airbus Neo320 coûtera 6 M$ de plus que son prédécesseur, autour de 76 M$ US, selon Financière Banque Nationale. Le plus gros appareil de la CSeries, lui, est listé à un prix de 60 M$ US. Juste sur le prix d'acquisition, une partie des économies envisagées vient de fondre.

L'avantage risque et échelle d'Airbus et Boeing

L'inconvénient de l'avantage "coûts" de Bombardier est qu'il n'est pour l'instant que sur papier.

Plus l'on donne dans l'innovation, plus le risque d'exécution augmente. Si vous construisez un nouvel avion, votre potentiel est plus grand, mais votre risque de dérapage ou de ne pas atteindre ce potentiel, est aussi plus grand que si vous ne faîtes qu'apporter des modifications à un prédécesseur.

Dans un contexte où les bilans de plusieurs transporteurs sont encore lourdement chargés de dettes, on peut comprendre qu'un certain nombre de directions préféreront sans doute adhérer à l'adage "un tiens vaut mieux que deux tu l'auras" lorsque viendra le temps de renouveler une partie de leur flotte aérienne dans les prochains mois.

S'ajoute aussi un argument pour ces directions. Tant qu'à avoir des appareils Airbus ou Boeing dans les autres catégories plus gros porteurs, ne vaut-il pas mieux s'outiller d'avions de la même gamme? Une question d'échelle en matière de pièces et d'expertise mécano.

En fait, quelques analystes européens semblent croire que plusieurs transporteurs préfèreront jouer de prudence.

Cette ambivalence ne devrait cependant pas s'étendre à l'ensemble du marché. Valeurs mobilières Stonecap calcule en effet que des 6500 appareils 100-149 sièges qui doivent être livrés dans les prochains 20 ans, 44% sont destinés à des marchés émergents comme la Chine, l'Afrique et le Moyen Orient, où ni Airbus, ni Boeing, ne sont bien implantées.

L'un dans l'autre?

Avantage Bombardier. Le défi pour la compagnie est cependant de prouver qu'elle peut atteindre les économies projetées au prix projeté. Et de livrer sans délai ses premiers avions CSeries.

L'entrée en service de la famille d'appareils est prévue pour 2013, alors que la version améliorée du Airbus A319 n'arrivera qu'en 2016. Ce sont ces trois années qui devraient permettre de faire la démonstration terrain de la supériorité de la CSeries et être propices à la construction d'un intéressant carnet de commandes.

 

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

Blogues similaires

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?