Faut-il investir dans la Fosse du Labrador?

Publié le 05/03/2012 à 09:21, mis à jour le 05/03/2012 à 13:37

Faut-il investir dans la Fosse du Labrador?

Publié le 05/03/2012 à 09:21, mis à jour le 05/03/2012 à 13:37

Photo: Gouvernement du Québec

BLOGUE. Déjà jeté un coup d'oeil sur la Fosse du Labrador ? «La fosse de quoi ?» Petite session de questions et de réponses sur le plus important actif du Plan Nord et le potentiel des acteurs qui y travaillent.

Qu'est-ce que la Fosse du Labrador ?

Une ceinture minéralisée en fer qui chevauche les frontières du Québec et du Labrador. Elle fait jusqu'à 100 kilomètres (km) de large et s'étend sur 1 100 km, de la baie d'Ungava jusqu'au lac Pletipi (voir carte à droite).

Qui y est actif ?

Il y a actuellement cinq projets en production dans la région, regroupés dans deux camps miniers.

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Dans le premier camp, celui de Labrador City, Wabush et Fermont, se trouvent la mine Carol Lake (Rio Tinto), celle du Mont-Wright (ArcelorMittal) et celles de Wabush et du lac Bloom (Cliffs Natural Resources).

Dans le second camp, celui de Shefferville, la société Labrador Iron Mines a commencé à produire l'an dernier. Elle cible un volume de 2 millions de tonnes (Mt) en 2012 et de 5 Mt pour 2015.

En périphérie de ces producteurs gravitent plusieurs sociétés minières qui ont d'importants projets en développement.

Dans le premier camp minier se trouvent notamment les projets d'Alderon Iron Ore (ADV, 3,49 $) et de Champion Minerals (CHM, 1,91 $). Dans le second, ceux d'Adriana Resources (ADI, 1,22 $), Beaufield Resources (BFD, 0,26 $), Cap-Ex Ventures (CEV, 1,11 $), Century Iron Mines (FER, 2,10 $) et New Millenium (NML, 2,99 $).

Faut-il miser sur ces acteurs ?

C'est la grande question.

Le secteur fait actuellement flèche de tout bois, alors que le prix du minerai de fer caracole. Autour de 70 $ US la tonne en 2005-2006, il allait bondir à plus de 180 $ US en 2007, revenir au point initial en raison de la crise financière, et rebondir à 180 $ US l'an dernier. Il s'est stabilisé à 135-140 $ US.

C'est principalement la Chine qui tire les prix vers le haut, alors que le développement de ses infrastructures commande beaucoup d'acier. Avec 11 % du PIB mondial et 20 % de la population du globe, elle est responsable de près de 50 % de la demande. Il y a aussi des difficultés de production en Inde (pour toutes sortes de causes : environnementales, notamment), ce qui place le marché en déficit de production et exacerbe les prix.

Problème : l'offre mondiale semble sur le point de se mettre significativement en route. Au Canada seulement, la maison Raymond James note que Cliffs Resources veut faire passer la production de la mine du lac Bloom de 8 à 16 millions de tonnes par année, et ultimement à 24 millions de tonnes. La compagnie Iron Ore (Rio Tinto) veut la faire grimper de 17 à 26 millions, et évalue la possibilité de la porter à 50 millions de tonnes. ArcelorMittal planche quant à elle sur une expansion de 14 à 24 millions de tonnes dès 2013 au Mont-Wright.

Pendant que la production augmente, la demande chinoise, elle, risque malheureusement de faiblir. Marchés mondiaux CIBC, la Deutsche Bank et Raymond James prévoient toutes trois que les prix se maintiendront à de hauts niveaux dans les trois ou quatre prochaines années, mais voient ceux-ci entrer sous pression après coup. La Deutsche Bank est à 80 $ US la tonne pour 2017.

À ce prix, des mines devront fermer ou diminuer leur capacité de production.

Difficile de savoir si les mines canadiennes seront touchées. Les plus récentes mines chinoises semblent traiter du minerai à faible teneur, ce qui risque de les faire fermer avant leurs concurrentes canadiennes. Les mines d'ici étant situées au nord et coûtant plus cher à exploiter que d'autres, ce n'est cependant pas dans la poche.

Des titres à surveiller plus particulièrement ?

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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