Pétrole et essence: un contraste frappant

Publié le 18/06/2011 à 19:54, mis à jour le 22/06/2011 à 07:59

Pétrole et essence: un contraste frappant

Publié le 18/06/2011 à 19:54, mis à jour le 22/06/2011 à 07:59

Blogue. On peut difficilement trouver deux manchettes aussi contradictoires.

La première mentionne que le prix du pétrole brut est en forte baisse à 95$US le baril, en baisse de 4% en une seule journée.

La deuxième nous prévient que le prix de l’essence bondira probablement, passant de 1,28$ le litre à 1,38$. C’est une hausse de près de 8%, là aussi en une seule journée.

J’ai reçu la première manchette à 13h17 et l’autre moins de 30 minutes plus tard. C’est pourquoi cela m’a particulièrement frappé, car ce n’est pas la première fois que les deux évoluent en sens inverse.

Cela semble une contradiction difficile à expliquer qui a tendance à nourrir les scénarios de complots des grandes pétrolières.

Qu’il y ait collusion entre les pétrolières pour gonfler les prix de l’essence, est une possibilité. Mais on n’a pas besoin de cela pour expliquer le comportement du prix de l’essence.

 Les simples lois de l’offre et de la demande suffisent.

Ainsi, si vous vous demandez pourquoi le prix de l’essence refuse de vraiment baisser résistant même très bien aux baisses du prix du pétrole brut (la matière première utilisée pour faire l’essence), demandez-vous ce qui se passe à la demande et à l’offre.

Commençons par la demande : selon vous, est-ce que la demande d’essence diminue ? Pas vraiment. Au contraire, année après année, on consomme plus d’essence. Les hausses de prix ont un effet minime sur la demande, jusqu’à maintenant.

Toutes les initiatives comme les autos moins énergivores, les véhicules hybrides et les autos électriques (cette dernière catégorie appartenant encore aux projets) n’arrivent pas encore à freiner la tendance haussière de la demande.

Une récession durable ralentit la croissance de la demande. Mais nous ne sommes pas en récession.

Si vous regardez à long terme, on peut espérer que justement toutes les initiatives auront un impact significatif, particulièrement si l’auto électrique se concrétise. Mais on parle d’au moins cinq ans (vision optimiste), voire 10 ans.

C’est du côté de l’offre que la situation est décourageante. Les nouvelles raffineries sont rares, voire inexistantes. Les pétrolières intégrées réussissent à augmenter leur production de façon inégale, principalement en améliorant leur efficacité et en agrandissant leurs installations existantes.

La seule façon de briser la tendance du prix de l’essence, c’est de faciliter la construction de nouvelles raffineries.

Dans notre monde, c’est rêver en couleurs.

Bernard Mooney

 

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