Mooney: Une orgie de confirmations

Publié le 30/10/2013 à 20:40, mis à jour le 31/10/2013 à 07:28

Mooney: Une orgie de confirmations

Publié le 30/10/2013 à 20:40, mis à jour le 31/10/2013 à 07:28

BLOGUE. Tout investisseur avec un peu d’expérience réalise que le cerveau humain, peu importe les raisons, montre plusieurs faiblesses lorsque vient le temps de prendre de bonnes décisions financières.

L’économie comportementale (la psychologie appliquée à la finance et à l’économie) tente de décrire et expliquer ces faiblesses. Et parmi ces faiblesses, il y a ce qu’elle appelle les biais qui comprennent toutes les barrières et tactiques que nous utilisons, plus ou moins inconsciemment pour ne pas voir la réalité telle qu’elle est.

Un bon exemple de cela est notre tendance à rechercher et à porter plus d’attention à l’information qui va dans le même sens que nos croyances et nos opinions. Et on a tendance à ignorer ou rationaliser les autres informations. C’est le biais de la confirmation.

Cela signifie que si je suis convaincu qu’il n’y a pas de réchauffement climatique, je serai porté à chercher les articles, les commentaires et les opinions confirmant que j’ai raison.

Quel rapport avec la Bourse?

L’autre soir, j’étais sur le site seekingalpha.com à faire de la recherche sur certaines sociétés. La quantité phénoménale d’informations disponibles sur ce site m'épatait. Quel outil fantastique!

Et ce n’est qu’un site parmi tant d’autres dans l’océan d’informations qu’on retrouve sur Internet. Encore une fois, une richesse extraordinaire pour l’investisseur.

Mais quelques minutes plus tard, j’ai été frappé par le fait suivant. Supposons que je fais de la recherche sur IBM. Sur Seeking Alpha, je retrouverai évidemment l’information financière fondamentale comme les résultats, les communiqués de presse et les comptes-rendus des téléconférences. Voilà selon moi la matière première de l’investisseur qu’il doit traiter avant de prendre une décision.

Le site contient toutefois une importante section de commentaires sur les titres. Si vous jetez un coup d’œil sur IBM, vous retrouverez des analyses positives et des analyses négatives sur le titre. Certaines sont très optimistes, d’autres très pessimistes.

Les investisseurs rationnels que nous sommes diront qu’il y a là plein d’informations pouvant aider. C’est vrai en théorie, mais en pratique on peut avoir des doutes.

En effet, le Web et plus particulièrement des sites comme Seeking Alpha sont des usines ultra-performantes pour nourrir les biais de confirmation. Ainsi, si vous êtes convaincu que IBM est un bon achat, vous lirez en détails les analyses positives et ne ferez que jeter un œil sceptique sur ces «imbéciles» qui sont négatifs quant aux perspectives de ce titre.

Je caricature, car le phénomène est la plupart du temps plus subtil. Toutefois, la réalité, c’est qu’on peut trouver de l’information pour justifier à peu près n’importe quelle décision! De l’achat du titre le plus spéculatif à la vente de la société la plus solide.

La preuve: chaque jour il y a des acheteurs et des vendeurs pour pratiquement chaque société ouverte! Avec Internet, ces «promoteurs» peuvent maintenant expliquer les bases appuyant leurs convictions.

Cela met en évidence un des dangers de l’Internet. Avoir de l’information est certes crucial. Mais bien l’analyser et l’utiliser de façon rationnelle demeure la clé du succès.

Bernard Mooney

P.S. L’autre grand problème avec les commentaires publiés sur Internet, c’est qu’on ne connaît pas le plus souvent celui qui en est l’auteur, Ce peut être un investisseur solide et sérieux ou un clown qui ne sait pas ce dont il parle et tout ce qui existe entre ces deux extrêmes. BM

 

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