Acceptabilité sociale: pourquoi Rio Tinto a consulté les citoyens même si elle n'y était pas obligée

Publié le 28/09/2017 à 12:30

Acceptabilité sociale: pourquoi Rio Tinto a consulté les citoyens même si elle n'y était pas obligée

Publié le 28/09/2017 à 12:30

Pour bien des entreprises, une consultation du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), c’est une épine au pied. Rio Tinto, elle, a organisé sa propre consultation citoyenne à propos de son futur site d’élimination des résidus de bauxite à Saguenay.

En 2022, l’usine de fabrication d’alumine Vaudreuil de Rio Tinto pourrait devoir fermer ses portes, car son site de dépôt de résidus aura atteint sa pleine capacité. C’est 1000 emplois directs et indirects qui sont à risque de disparaître. La multinationale souhaite donc agrandir ses installations sur un terrain qui lui appartient, à Saguenay.

Ce projet n’est pas assujetti au processus d’évaluation du BAPE. Pourtant, Rio Tinto a consulté les citoyens et les groupes environnementaux. Et cela, même si elle savait qu’une partie de la population y était opposée. C’est que le futur site de résidus sera à 500 mètres des plus proches résidences et empiètera sur un boisé utilisé à des fins récréatives.

« Quand on recherche l’acceptabilité sociale, il faut prendre le risque de la transparence », soutient Jean-François Nadeau, directeur général de l’usine. L’acceptabilité sociale est l’un des quatre critères établis par Rio Tinto pour aller de l’avant avec un projet. Les trois autres sont le respect de l’environnement, la viabilité économique et la faisabilité technique.

M. Nadeau présentera la démarche de consultation de l’entreprise lors de la conférence Acceptabilité sociale présentée par les Événements Les Affaires le 29 novembre à Montréal.

Page Facebook et portes ouvertes

Inspirée des travaux du BAPE, cette démarche a eu lieu en 2015 et 2016. Elle comprenait entre autres des consultations ciblées avec des conseillers municipaux, des résidents du secteur et des groupes environnementaux, la formation de groupes de travail sur des mesures d’atténuation et une consultation publique avec dépôt de mémoires. « Nous avons embauché un commissaire indépendant sans demander de droit de regard sur le rapport qu’il produirait », souligne Jean-François Nadeau.

Parallèlement à cela, l’entreprise a lancé un site Internet (consultationsvaudreuil.com) et une page Facebook dédiés au projet. En plus d’y trouver une foule de documents et de données techniques, les gens pouvaient poser des questions et Rio Tinto s’engageait à y répondre dans un délai de sept jours. « C’était un défi pour notre entreprise, mais en même temps, ça nous permettait d’avoir un contact direct avec les citoyens », dit Julie Malo-Sauvé, responsable des relations avec les communautés.

expérience citoyen

« Nous avons diffusé la captation d’une de nos conférences de presse et 2000 personnes l’ont visionnée », ajoute le directeur général de l’usine pour démontrer l’intérêt soulevé par le projet.

L’entreprise a aussi organisé une journée portes ouvertes où les citoyens pouvaient visiter l’usine Vaudreuil et son dépôt actuel de résidus de bauxite. Quelque 3000 personnes ont répondu à l’appel.

« Sans toute cette démarche de consultation et de communication, nous aurions été en contact avec un petit nombre de parties prenantes et nous n’aurions pas eu le pouls de la communauté », estime Mme Malo-Sauvé. Elle mentionne aussi un impact positif sur l’engagement des employés, satisfaits que leur employeur soit à l’écoute de la population.  

Un projet bonifié

En définitive, l’exercice en a valu la peine. « Je m’attendais parfois à recevoir une volée de bois vert, mais en général les gens sont arrivés en mode solution », dit M. Nadeau.  

Rio Tinto s’est engagée à suivre 16 des 22 recommandations émises par le commissaire à partir des commentaires et des suggestions de la communauté. Parmi elles : protection et mise en valeur de la zone tampon, déboisement progressif du futur site, création d’un mécanisme de plaintes, diffusion des résultats des suivis environnementaux, remplacement de chaque kilomètre de piste de vélo perdu, etc.

Acceptabilité sociale n’est pas synonyme d’unanimité, selon Jean-François Nadeau. « Peu importe le projet, il y aura toujours des pour et des contre. Mais l’important, c’est de répondre le plus possible aux préoccupations des gens. »

Pour en apprendre davantage, participez à la conférence Expérience citoyen qui aura lieu le 13 mars 2018.