La lente disparition boursière

Publié le 04/12/2013 à 09:20

La lente disparition boursière

Publié le 04/12/2013 à 09:20

C’est peu connu, peu visible, mais tout de même fort réel. Malgré ce qu’on pourrait croire en raison des records récents réalisés par les principaux indices boursiers, il y a une tendance de fond anti-bourse.

En fait, il y a de moins en moins de titres inscrits en Bourse et cette tendance dure depuis la fin des années 1990. Aux États-Unis, il y a environ 5 000 titres inscrits, 40% de moins qu’en 1997, selon la World Federation of Exchanges.

C’est surtout après l’éclatement de la bulle techno de 2000 que le mouvement a pris de l’élan. En effet, à la suite de fraudes comptables comme Enron et WorldCom, les organismes de réglementation ont passé des lois beaucoup plus sévères et coûteuses pour les sociétés ouvertes appelées Sarbanes-Oxley. Elles ont augmenté sensiblement les coûts pour être en Bourse et rendu tout le processus beaucoup plus complexe.

Ce qui a poussé bien des sociétés à se privatiser ou à se vendre, souvent à des fonds privés.

Plus une société est de petite taille, moins elle peut justifier une inscription en Bourse.

S’il y a moins de titres, cela n’empêche pas la valeur des titres en Bourse d’être à un record, en raison de la belle performance depuis 2009.

À chaque fois qu’une société québécoise se fait acheter, on voit des commentaires à l’effet qu’elle sera difficile à remplacer. Or, le phénomène dépasse notre province.

Et comme bien des choses, il y a de bons et mauvais côtés. Par exemple, si l’offre de nouvelles sociétés est faible en même temps que la demande augmente (comme c’est le cas actuellement), cela signifie que les prix augmentent. Ce qui est bon si vous êtes actionnaire !

Par contre, la baisse du nombre de titres est mauvaise à long terme parce qu’elle nuit au dynamisme boursier. Il est intéressant et important que le bassin de titres se renouvelle, pour donner plus de choix à l’investisseur.

Enfin, je crois qu’il s’agit d’un phénomène qui reflète les grands marchés haussiers et baissiers. Oui, la réglementation est punitive et coûteuse et elle le sera encore plus dans les prochaines années (c’est dans notre culture de vouloir tout contrôler le plus paresseusement possible). Mais un puissant et durable marché haussier agirait comme un aimant pour les sociétés privées vers la Bourse.

Ce n’est pas un hasard si le sommet en termes de nombre de sociétés a été en 1997 ; c’était dans les dernières manches du marché haussier qui avait commencé en 1982. Depuis ce sommet, le marché boursier a vécu une grande vague baissière et le marché haussier qui a suivi a été moins long et prononcé que celui des années 1990.

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