Intelligence artificielle: Quelles applications et quelles implications?

Publié le 05/06/2018 à 15:35

Intelligence artificielle: Quelles applications et quelles implications?

Publié le 05/06/2018 à 15:35

Les Affaires accueille un nouveau blogueur, Jean-François Gagné, PDG et fondateur de Element AI, une société montréalaise qui développe des solutions en intelligence artificielle pour répondre aux besoins des entreprises.

 Il m’arrive souvent de prononcer des conférences sur les avancées de l’intelligence artificielle devant un public d’experts en science des données.

Ces rassemblements ne s’adressent pas à monsieur-madame tout le monde, ni même à la plupart des entrepreneurs. Mais l’intelligence artificielle, elle, concerne maintenant tout le monde. Plus que jamais. 

Avec Siri qui répond à vos questions sur un iPhone, les systèmes qui gèrent vos rendez-vous et courriels, traduisent vos communications du français à l’anglais, l’intelligence artificielle s’immisce dans votre quotidien. Et cela n’est qu’un début. Tous les objets sont non seulement connectés, mais on peut maintenant leur parler. «  Hey Alexa, je veux me lever demain matin à 6 h 30, allume la lumière à ce moment-là, réchauffe ma voiture 15 min avant mon départ qui devra m’assurer d’arriver à 7 : 50 au bureau, en tenant compte de la circulation. »

On en parlait lors du dernier Forum de C2Montréal : l’intelligence artificielle est en train de redéfinir de façon très, très concrète un paquet de processus dans tous les secteurs : la santé, le transport, l’industrie, la vie urbaine, la fabrication, les finances…

L’IA changera la nature de nos emplois, de même que celle des produits et services auxquels on aura accès. Ses impacts se feront sentir sur l’ensemble de l’économie et de la société. Cela crée de l’optimisme, mais aussi de l’anxiété : où en serons-nous dans 10 ans ; surtout : qu’est-ce qui arrivera à ma job ? Dans quoi mes enfants devraient-ils étudier pour réussir dans ce nouveau monde ? Comment mon entreprise restera-t-elle concurrentielle ?

Si j’ai accepté de tenir ce blogue mensuel, c’est parce que je souhaite que l’IA ne soit plus confinée aux conversations d’initiés. Je veux démystifier le phénomène au profit d’un public élargi. Vous ouvrir les yeux, chers entrepreneurs, gestionnaires et lecteurs de Les Affaires, sur ses nombreuses applications et implications. 

Je souhaite que vous utilisiez l’IA pour innover et devenir concurrentiel. Mais je souhaite tout autant que vous puissiez, de façon rationnelle, réfléchir à quel genre de société vous bâtirez avec l’IA et comment vous pourrez vous épanouir dans cette nouvelle dynamique.

L’AI, c’est comme un cerveau capable d’apprendre. C’est la première fois, dans l’histoire de l’humanité, qu’on est capable d’automatiser nos fonctions cognitives. On avait jusqu’à maintenant réussi à automatiser nos muscles — avec l’automobile, les machines industrielles, etc. — mais aujourd’hui, l’IA a la capacité de prendre des décisions à notre place, elle peut décider des meilleures façons d’accomplir ou d’organiser des tâches.

L’IA a les capacités cognitives de l’humain. Mais c’est à l’humain, la société, les gouvernements, l’industrie, de décider ce qu’on va lui demander de faire.

L’IA a des applications, mais aussi des implications.

Une nouvelle façon dutiliser et dacquérir des connaissances

Comment fonctionne l’intelligence artificielle ? Elle se développe avec des logiciels qui apprennent des dynamiques et des bons comportements à partir d’expériences exprimées sous forme de données électroniques structurées en signaux.

Tout comme l’être humain n’est pas parfait, un système d’intelligence artificielle apprend et s’adapte. Le logiciel capture des signaux et s’en sert pour s’améliorer, c’est-à-dire améliorer ses prédictions. En vue de quoi ? L’atteinte d’un objectif.

Cet objectif peut consister en la classification d’images, l’identification d’objets, la reconnaissance faciale, la découverte du meilleur mouvement à faire sur un échiquier ou la traduction en anglais d’une phrase exprimée en français...

Et c’est ainsi que l’IA est désormais capable de prédire les meilleures décisions à prendre dans un ensemble de situations. Des décisions qui, autrefois, étaient exclusivement réservées aux cerveaux humains.

Nouvelle percée

Si l’IA génère un si grand buzz ces temps-ci, si les investisseurs accourent pour la financer, si de plus en plus de pays se dotent de politiques sur l’IA, c’est parce que le rythme de développement de l’AI s’accélère. Surtout depuis que l’algorithme Alpha Zéro a réussi à battre à plate couture le meilleur joueur d’échecs de la planète — après seulement quatre heures d’apprentissage du jeu. Dans le cadre de cet apprentissage, aucune programmation spécifique ou connaissance des échecs n’a été utilisée. Alpha Zéro a seulement passé quatre heures à jouer contre lui-même. Il peut aussi maîtriser et vaincre sans problème les grands maîtres au jeu de Go. Le facteur de complexité de ce jeu est tel qu’on croyait la victoire d’une machine hors de portée pour encore 10 ans… Mais elle est advenue plus tôt que prévu.

Les marchés comprennent maintenant qu’en permettant des opérations réalisées plus vite et à moindre coût, l’IA devient un partenaire d’affaires incontournable pour toute entreprise en quête d’avantages concurrentiels.

Dans la grande entreprise, le recours à l’IA est motivé par la réduction de coûts. Puisque la vitesse d’exécution d’un système informatique dépasse grandement celle du cerveau humain et que le coût de réplication d’une opération s’élève à presque zéro, l’automatisation des tâches devient alléchante : elle génère des économies et une productivité accrue.

Expansion pour les PME

Du côté des PME, c’est différent. Elles doivent l’envisager dans une perspective d’expansion.

Grâce à un système d’intelligence artificielle, une PME peut désormais étendre sa gamme de services et en améliorer la qualité à un coût abordable.

Toute une famille de produits et services lui sont maintenant accessibles : un bon service à la clientèle, par exemple. Des opérations plus rapides et précises. En fait, l’AI représente pour la PME une révolution encore plus profonde que celle de l’Internet.

Mais son utilisation soulève d’importantes questions éthiques et législatives et cela interpelle les gouvernements. En voici une.

Quand le bruit devient de l’information

Aujourd’hui, quand vous conduisez votre voiture, participez à un événement, achetez un produit sur Internet, des systèmes d’intelligence artificielle capturent ces gestes. Autrefois, ces gestes n’étaient que du bruit anonyme.

Plus maintenant. Les caméras, drones, satellites, téléphones cellulaires et autres outils électroniques les documentent, les indexent, les classent, les analysent… Et un système d’IA sert à en alimenter un autre.

Du coup, ce bruit anonyme est transformé en source d’information facilement gérable et utilisable. À des fins commerciales ou de surveillance… C’est pourquoi l’Union européenne a adopté le Règlement général sur la protection des données.

L’IA pose en effet tout un défi au contrat social. La notion de confidentialité en prend un coup. Notre définition du domaine public est à revoir. Comme société, acceptons-nous ces intrusions ? Réalisons-nous l’ampleur de cette nouvelle utilisation à grande échelle avec un haut degré de précision des informations concernant notre vie privée ? Est-ce que les bénéfices sont adéquatement redistribués ?

Une entreprise peut-elle justifier, sur le plan éthique, l’accès et le transfert de nos renseignements personnels ?

Le plus grand défi est que les quantités d’information avec lesquelles ces modèles mathématiques travaillent sont telles qu’aucun humain ne peut les comprendre. Si vous demandez aux développeurs d’applications en IA quel usage exact ils feront de vos données, ils ne pourront pas vous le dire clairement.

Dans ce contexte, comment assurer la transparence  ? La protection de nos renseignements personnels ? Comment amener les entreprises à les garantir ?

Voilà quelques-unes des nombreuses questions à aborder maintenant que la révolution IA est à nos portes.

 

À propos de ce blogue

Tout le monde en parle, mais sait-on vraiment ce qu'est l'intelligence artificielle ? Dans ce blogue mensuel, Jean-François Gagné démystifie les tendances, les enjeux et les occasions d'affaires se rattachant à cette technologie révolutionnaire. Et lui sait de quoi il parle! Jean-François est PDG et fondateur de Element AI, une société montréalaise qui développe des solutions en intelligence artificielle répondant aux besoins des entreprises.