Mooney: Ce qu'on ne dit pas sur les paradis fiscaux

Publié le 22/04/2013 à 09:51, mis à jour le 22/04/2013 à 10:07

Mooney: Ce qu'on ne dit pas sur les paradis fiscaux

Publié le 22/04/2013 à 09:51, mis à jour le 22/04/2013 à 10:07

BLOGUE. Pendant mes vacances, j’ai observé à distance tout ce qui s’est écrit et dit sur les paradis fiscaux depuis maintenant plusieurs jours. Et je n’en reviens pas de l’hypocrisie des principaux intervenants.

Ils sont nombreux, pour ne pas dire tout le monde, à saluer les supposés efforts grandissants pour identifier ces individus qui utilisent ce qu’on appelle les paradis fiscaux.

Vous devez savoir que bien des gens qui dénoncent publiquement ces paradis fiscaux, vous savez ces élites auxquelles vous obéissez aveuglément depuis votre naissance, et bien, ces sont les premiers à les utiliser. En commençant par les politiciens.

De plus, dans le bruit et la poussière médiatiques, on peut oublier des nuances importantes. Comme par exemple le fait que ces paradis fiscaux sont des refuges évidents pour tout l’argent généré par le crime organisé, sous toutes ses formes. Et que là tout l’appareil policier des pays industrialisés a raison de se liguer contre cette utilisation des paradis fiscaux.

Toutefois, ces territoires à impôts réduits ou inexistants ne sont pas synonymes de crime. Ils servent bien des fins justifiables dans notre économie mondiale. Les sociétés qui ont des activités dans plusieurs pays peuvent les utiliser par exemple pour optimiser l’utilisation de leurs ressources. La protection de l’actif (notamment contre les poursuites abusives) en est une autre pour les individus.

Également, il est bon de répéter que d’avoir un compte bancaire dans ces pays n’est pas un crime. Ne pas divulguer tous ses revenus, voilà qui est criminel, que ce revenu provienne d’une jobine à St-Tite ou d’un compte aux Iles Cayman.

Par ailleurs, ce que personne ne dit, c’est que l’existence de ces paradis fiscaux joue un rôle crucial. En effet, les gouvernements des pays industrialisés ont tendance à très facilement taxer de plus en plus leurs contribuables. Ce qui prend tous les déguisements possibles et impossibles. Il est important qu’il y ait des territoires qui compétitionnent nos États avec leurs taux d’impôts réduits. Là comme ailleurs, la compétition freine la gourmandise illimitée des politiciens et de ceux qui les élisent.

Les efforts pour faire payer les utilisateurs des paradis fiscaux (quoi que cela puisse vouloir dire) sont souvent associés à un genre de victoire ou de bataille morale. Il n’y a rien de bien moral à mon avis dans le fait de payer des impôts. La plupart, que dis-je, tout le monde le fait uniquement pour éviter l’alternative, qui est de se faire saisir par le fisc et possiblement de se retrouver en prison.

On vous dira que chacun doit payer sa juste part, ce qui semble sensé. Or, la question qui tue est: c’est quoi notre «juste part»?

Bernard Mooney

 

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