Le temps d'être nerveux?

Publié le 19/05/2014 à 13:27

Le temps d'être nerveux?

Publié le 19/05/2014 à 13:27

David Tepper, du hedge fund Appaloosa, a affirmé que les marchés boursiers le rendaient nerveux.

Le commentaire la semaine dernière du gestionnaire David Tepper, du hedge fund Appaloosa, à l’effet que le marché boursier le rendait nerveux a fait le tour du monde. M. Tepper est un investisseur sérieux qui n’a pas la langue dans sa poche. Mais dans le cadre de son travail et en raison de son approche de placement, il peut changer d’idée en quelques minutes.

Et la performance peu inspirante de la Bourse cette année, du moins si on la compare à celle de 2013, lui donne des arguments. Sans mentionner les nombreuses incertitudes qui pimentent le contexte financier.

Par contre, il ne faut pas oublier les perspectives à long terme lorsqu’on constate les risques actuels. Certes, il y a des risques et des problèmes. D’abord, les bénéfices des sociétés ne croissent pas autant qu’on l’aimerait en raison d’une économie au ralenti. Au premier trimestre, les entreprises du S&P 500 ont accru leurs profits de 2,1%, ce qui est supérieur aux attentes qui étaient d’une faible baisse. Reste que ce n’est pas élevé.

Les analystes prévoient une meilleure performance au deuxième trimestre (une croissance de 6%) et aussi pour le reste de l’année. Mais pour cela, la croissance de l’économie américaine doit accélérer.

Sur ce point, ils sont nombreux à voir la baisse des rendements des obligations gouvernementales à long terme comme le signe que les investisseurs n’achètent pas du tout cette reprise du rythme de croissance. En plus, les perspectives économiques en Europe et en Asie n’ont rien pour rassurer.

Le comportement du marché obligataire est en effet intringuant, vu dans un vase clos. En effet, il ne faut pas oublier que cette baisse des taux survient après une remontée spectaculaire des rendements l’année dernière alors que les craintes de hausses de taux ont provoqué des ventes massives d’obligations pour acheter des actions.

Or, la baisse du rythme de croissance au début de l’année a fait réaliser que la montée des taux était exagérée. De plus, le pessimisme concernant les perspectives obligaires avait atteint un tel paroxysme qu’il fallait s’attendre à un repli, aussi surprenant que musclé.

Dans ce sens, je ne crois pas qu’il faille interpréter le repli des taux comme le signal qu’une récession est à nos portes.

Le grand impact positif des événements des dernières semaines, c’est qu’ils ont passablement refroidi l’enthousiasme des investisseurs (autant les pros que les amateurs) pour le marché boursier. Bien des gestionnaires de caisses de retraite ont augmenté leur encaisse et les attentes de bien des investisseurs sont passés au neutre.

Selon un sondage récent du American Association of Individual Investors, 40,8% des investisseurs prévoient que le marché boursier ne fera rien dans les prochains six mois, soit le niveau le plus élevé depuis avril 2005.

Cela reflète un grand niveau d’indécision, ce qui est loin du contexte qu’on vit lors des sommets boursiers.

En résumé, si vous voyez la Bourse avec des perspectives de plusieurs années, vous ne pouvez que voir ce qui se passe comme une pause rafraîchissante, à l’intérieur d’un environnement qui demeure fort positif à long terme. Et c’est ce qui est important.

Quant au court terme, il y a toujours une ou plusieurs raisons d’être nerveux, ce que nous rappelle David Tepper.

Bernard Mooney

 

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