Le Canada exposé au «sexpionnage»

Publié le 12/05/2012 à 00:00

Le Canada exposé au «sexpionnage»

Publié le 12/05/2012 à 00:00

Des gouvernements et des entreprises ciblent minutieusement un employé d'une organisation ayant accès à des informations stratégiques pour ensuite le séduire. Objectif de ce «sexpionnage» : piéger l'employé pour le faire chanter ou développer une relation amoureuse à long terme et obtenir des renseignements. Des pays comme la Chine s'en servent pour acquérir des secrets industriels de leurs concurrents. Une menace pour les entreprises canadiennes.

Même si le phénomène est difficile à mesurer, les opérations séduction sont en croissance, comme l'ensemble des activités d'espionnage, selon Michel Juneau-Katsuya, un ancien agent du Service canadien du renseignement de sécurité. Sa firme d'analyse du renseignement, The Northgate, a organisé en novembre à Ottawa une conférence traitant notamment de ce thème, et elle en présentera une autre en février à Gatineau.

Les cibles du sexpionnage sont souvent des hommes, séduits par des prostituées ou des agentes professionnelles, selon David B. Harris, également un ancien agent du SCRS. À ses yeux, l'un des cas les plus célèbres en Amérique du Nord est celui de Katrina Leung, une femme d'affaires américaine d'origine chinoise, accusée d'espionnage par le FBI en 2003.

«Elle a eu pendant près de 20 ans une relation amoureuse avec un employé du FBI responsable du contre-espionnage !» dit M. Harris, aujourd'hui directeur de l'International and Terrorist Intelligence Program d'Insignis Strategic Research. Un rapport a démontré que l'agent du FBI transmettait de l'information à Katrina Leung.

Le SCRS estime que les espions étrangers ciblent de 15 à 25 secteurs clés de l'économie canadienne, comme les télécommunications, la biopharmaceutique et l'aérospatiale.

«Nous sommes une cible, car le Canada abrite parmi les meilleurs centres de recherches du monde», dit Michel Juneau-Katsuya, dont la firme aide des entreprises nord- américaines à se protéger entre autres contre le sexpionnage. Et cette menace est présente au Canada comme à l'étranger.

«L'un de nos clients canadiens a eu ce problème en Chine avec l'un de ses employés», affirme Michel Juneau-Katsuya. La firme d'ingénierie - qu'il refuse de nommer - avait envoyé un groupe d'ingénieurs en Chine afin d'y réaliser un mandat.

Selon lui, un ingénieur dans la vingtaine a été ciblé. «Durant un mois, ses collègues chinois ne lui ont pas adressé la parole, pour l'isoler. Puis, un soir, une jolie jeune femme l'a approché au bar de son hôtel. C'est clair qu'il s'agissait d'une tentative pour en savoir plus sur son organisation.»

Les entreprises canadiennes seraient particulièrement vulnérables lorsqu'elles participent à des missions commerciales dans des pays comme la Russie et la Chine. «Les dirigeants ne sont même pas breffés sur cette menace !» déplore David Harris.

Des chambres d'hôtel peuvent être munies de caméras pour capter des images compromettantes afin de faire chante une personne. Dans un courriel, le SCRS affirme qu'il avertit les fonctionnaires d'être prudents avant d'accepter de la compagnie à l'étranger.

Pour Michel Juneau-Katsuya, il est difficile de se protéger contre le sexpionnage. «Les meilleurs logiciels du monde n'y peuvent rien, car en fin de compte, l'information stratégique relève des humains. C'est la faille du système. C'est pour cela que certains veulent l'exploiter.» La seule protection est la prudence et un bon jugement, estime David Harris. «Si on vous approche et que c'est trop beau pour être vrai, méfiez-vous !»

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