Le tiers des restaurants est déficitaire au pays

Publié le 23/10/2023 à 17:45

Le tiers des restaurants est déficitaire au pays

Publié le 23/10/2023 à 17:45

Par Emmanuel Martinez

La proportion de restaurants rentables a chuté, passant de 87% en 2019 à 48% en 2022, selon Restaurants Canada. (Photo: Jay Winnington pour Unsplash.com)

Le secteur de la restauration et des services alimentaires se porte mal, selon le rapport annuel sur cette industrie publié par Restaurants Canada, lundi.

Environ 34% des restaurants étaient déficitaires l’an dernier au pays, tandis que ce n’était le cas que pour 7% des établissements en 2019. En 2022, 17% des restaurants n’ont déploré ni perte ni profit contre 5% l’année avant le début de la crise sanitaire. Conséquemment, la proportion de restaurants rentables a chuté, passant de 87% en 2019 à 48% en 2022. Cette baisse se fait beaucoup sentir chez les restaurants les plus profitables: 66% engrangeaient des profits de plus de 6% en 2019. Ils n’étaient plus que 25% dans cette position l’an dernier. 

Problèmes de coûts

Cette réduction marquée des profits s’explique surtout par la hausse des coûts. L’augmentation des prix de la nourriture, des loyers et de l’assurance a grugé le portefeuille des restaurateurs. La croissance des salaires est aussi importante dans cette industrie qui dépend beaucoup de la main-d’œuvre pour fonctionner.

Selon Restaurants Canada, les salaires ont augmenté de 8,4% durant les quatre premiers mois de cette année comparativement à la même période en 2022. Il s’agit de la hausse la plus forte de tous les grands secteurs économiques au pays.

L’embauche demeure un problème majeur dans les services alimentaires, une industrie qui emploie 1,1 million de personnes au Canada. Le taux de postes vacants dans le secteur de la restauration et l’hébergement était de loin le plus élevé à 9,9% de toutes les industries au pays l’an dernier. Il y avait toujours 173 700 postes de moins en 2022 qu’en 2019.

En plus du désagrément des coûts, il faut ajouter le poids des dettes accumulées durant la pandémie. Environ 75% des restaurants avec une salle à manger sondés et 51% en restauration rapide doivent toujours porter ce fardeau provoqué par la crise sanitaire. Un restaurant indépendant sur quatre dit qu’il ne pourra pas survivre en raison de ces dettes à moins que la situation générale ne change.

Revenus records

Sur une meilleure note, l’industrie a dépassé pour la première fois la barre du 100 milliards de dollars (G$) en revenus en 2022 et devrait atteindre 110G$ cette année.

C’est mieux que le sommet de 92,5G$ enregistré en 2019. Les revenus avaient diminué en 2020 et 2021 en raison de la pandémie qui avait engendré la fermeture des salles de restauration à de nombreuses reprises.

Toutefois, en tenant compte de l’inflation et de l’augmentation de la population, la part de l’industrie de la restauration dans le PIB a reculé de 9% par rapport à 2019. Il se situe au même niveau qu’en 2012.

La majoration des prix des menus, des changements de comportements adoptés durant la crise sanitaire et la hausse du télétravail sont des causes avancées pour expliquer pourquoi la clientèle boude davantage les restaurants qu’avant.

Dangers à l’horizon

Les prix des menus ont augmenté de 18,5% en moyenne depuis 2019 au Canada. Cependant, la facture des clients est proportionnellement moins élevée qu’avant. Ceci s’explique par plus de repas pour emporter par rapport à ceux pris en salle. Les consommateurs commandent également moins d’alcools et d’autres boissons, tout en réduisant le nombre de plats (entrée, dessert, etc.).

Finalement, les petits-déjeuners, qui sont plus économiques, sont de plus en plus prisés aux dépens des dîners et des soupers qui sont plus dispendieux. Tous ces facteurs nuisent à la profitabilité des établissements.

Pour cette année, les restaurants rapides affirment que le prix de leur menu devrait augmenter de 5,3% contre 5,6% pour ceux avec une salle à manger.

Restaurants Canada s’inquiète qu’un point de bascule soit bientôt atteint quant à la capacité de payer de la clientèle. Elle souligne qu’un sondage réalisé par Angus Reid au printemps dernier montrait que 69% des Canadiens n’allaient pas aussi souvent qu’ils le voulaient au restaurant parce que c’était devenu trop cher. Les gens à faibles revenus sont les plus susceptibles de ne plus fréquenter des restaurants. Environ un Canadien sur cinq ne peut plus se permettre de s’attabler dans un établissement, selon le rapport.

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