Doper le bien-être financier de vos employés sans trop dépenser


Édition du 09 Novembre 2022

Doper le bien-être financier de vos employés sans trop dépenser


Édition du 09 Novembre 2022

Par Catherine Charron

Annick Kwetcheu Gamo, fondatrice de Code F, un organisme sans but lucratif qui promeut la saine gestion des finances personnelles pour tous. (Photo: courtoisie)

Le degré de confiance des Canadiens à l’égard de la croissance de leur salaire réel est non seulement plus faible qu’au trimestre précédent, mais aussi par rapport à la moyenne historique, selon une récente étude de la banque centrale.

Alors que les taux d’intérêt et l’inflation pèsent lourd sur le portefeuille de la population, les patrons ont plusieurs leviers pour diminuer le stress financier et le mécontentement que la conjoncture génère, et ça ne comprend pas que les salaires.

En effet, selon l’édition de septembre 2022 de l’Indice de santé mentale de Solutions Mieux-être LifeWorks, 35 % des personnes sondées indiquent même que l’inflation est leur plus grande source d’inquiétude. «C’est un défi réel et présent, et les employeurs ont un rôle à jouer», affirme Marilyn Grand’Maison, directrice de la recherche de la société de services en ressources humaines.

Le stress financier peut avoir d’importantes conséquences sur les activités d’une entreprise, souligne Annick Kwetcheu Gamo, fondatrice de Code F, un organisme sans but lucratif qui promeut la saine gestion des finances personnelles pour tous.

Selon une nouvelle étude de l’Institut national de la paie parue en novembre 2022, le «fléau des distractions liées au stress financier [...] coûtera plus de 40 milliards de dollars (G$) aux entreprises canadiennes en 2022.» En 2021, on chiffrait plutôt la perte de productivité à 26,9 G$.

Les personnes sondées ont même dit accorder en moyenne près de 30 minutes par jour à la gestion de leurs finances personnelles plutôt qu’à leur travail.

Or, les patrons n’ont pas les mains liées devant l’inquiétude grandissante de leurs salariés à l’égard de leur gagne-pain. La clé, croient les deux spécialistes, c’est d’éduquer son équipe:«Quand une personne a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson», illustre Annick Kwetcheu Gamo. C’est pourquoi elle encourage les entreprises à profiter de novembre, mois de la littératie financière, pour organiser une formation sur la santé financière, sur les régimes d’épargne collective ou d’assurance collective offerts.

En période d’incertitude, l’employeur doit bonifier ses communications sur ses programmes mis en place, recommande Marilyn Grand’Maison. «De savoir que malgré l’inflation, ils sont toujours là, que c’est une contribution de l’employeur, ça peut alléger un stress et créer une tranquillité d’esprit à l’égard de l’avenir.»D’autres pourraient même offrir des séances avec des coachs en finances personnelles, souvent inclus dans les programmes d’aide aux employés, afin de proposer des astuces et de prodiguer des conseils propres à la situation du travailleur.

«L’idéal, c’est de leur donner confiance en eux pour gérer leurs finances de manière autonome et indépendante», explique Annick Kwetcheu Gamo.

 

L’augmentation salariale seule ne suffit pas

Selon l’étude de la Banque du Canada, certains atténuent leur stress financier en demandant une augmentation salariale. D’ailleurs, près de 40 % des répondants pensent que leur gagne-pain bondira de plus de 4 % au cours des prochains mois, un taux de croissance similaire à la moyenne au Québec avancée par l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés à l’automne 2022.

Le coup de pouce monétaire peut même prendre la forme d’une aide d’urgence «concrète et rapide»pour les employés aux revenus peu élevés, souligne Marilyn Grand’Maison. Annick Kwetcheu Gamo reconnaît que dans un contexte inflationniste, la rémunération doit être augmentée. Or, à elle seule, cette hausse ne parviendra pas à réduire leur stress financier. Les deux expertes sont d’avis qu’elle doit aller de pair avec une éducation afin d’expliquer comment mieux gérer l’argent dont disposent les travailleurs. «Il faut leur apprendre à faire un budget et à le respecter», insiste la fondatrice de Code F.

Le pesant d’or du budget Sans ces connaissances, les efforts des dirigeants pour diminuer le stress financier seront vains, estime la spécialiste. De plus, toutes les organisations n’ont pas les coudées franches pour augmenter leur masse salariale, indique la Banque du Canada.

Néanmoins, l’entreprise doit prendre soin du bien-être de ses employés, et leur santé financière fait partie de l’équation. «Certains vont préférer un salaire moindre s’ils ont de bons avantages sociaux offerts par l’employeur», souligne l’experte.

L’étude de la banque centrale semble lui donner raison. En autorisant le travail à distance, un patron permet à ses collègues d’économiser en temps et en argent. Ça aurait même «une grande incidence sur leur volonté à demander des augmentations salariales». «Malheureusement, beaucoup de gens se font gérer par le revenu qu’ils ont, et non l’inverse, déplore Annick Kwetcheu Gamo. Le meilleur outil pour lutter contre le stress, c’est d’avoir un sentiment de contrôle. Pour y arriver, on doit savoir comment on dépense son argent actuellement, et comment on peut améliorer sa situation financière.»

 

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