Les jeunes tirent l'entrepreneuriat vers le haut


Édition du 03 Mai 2014

Les jeunes tirent l'entrepreneuriat vers le haut


Édition du 03 Mai 2014

Attention, danger

Les chercheurs semblent s'inquiéter davantage d'une autre réalité : celle du désintérêt quasi complet des jeunes entrepreneurs de 18-34 ans pour le secteur manufacturier (2 % des intentions) et l'agriculture (1,9 %). Au grand dam des auteurs de l'étude, près de la moitié des jeunes leur préfèrent des secteurs jugés traditionnels comme le commerce de détail, l'hébergement et la restauration, de même que les arts, les spectacles et les loisirs.

Une situation qui désole mais ne surprend guère Julien Dépelteau, 31 ans, devenu copropriétaire de Flexpipe, un manufacturier d'étagères de 17 employés à Farnham, en Montérégie. «Je les comprends. J'ai moi-même fait un baccalauréat en gestion hôtelière avant de lancer mon entreprise.»

«Au Québec, poursuit-il, les jeunes s'imaginent à tort que de travailler dans le manufacturier, c'est revenir les mains sales à la maison ou oeuvrer dans un secteur sans défi ni ni avenir [...] C'est absolument faux. On travaille à longueur de journée avec des ingénieurs, dans des industries aussi innovantes que l'aérospatiale, et avec des entreprises à la recherche continuelle de l'amélioration de leurs façons de faire. Ça ne pourrait pas être plus intéressant, et pourtant nous oeuvrons dans le manufacturier !»

Si ce désintérêt à l'égard d'un pan aussi important de l'économie du Québec devait se poursuivre, les chercheurs préviennent que plusieurs PME fermeront au lieu d'être revendues et de poursuivre leur développement. Ce ne serait pas sans «conséquences graves» pour l'emploi et pour le «développement et la compétitivité économiques du Québec».

«Il faut probablement faire plus de sensibilisation, dit Rina Marchand, de la Fondation de l'entrepreneurship, rappelant qu'il y a moyen d'être innovant dans tous les secteurs - pas seulement dans les TI -, y compris dans l'agriculture et l'industrie manufacturière.»

Ouvert sur l'international

Les responsables de l'étude se réjouissent aussi du fait que les deux tiers des aspirants entrepreneurs souhaitent se lancer en affaires dans leur région d'origine, ce que Gabriel Chirita, chercheur-coordonnateur de l'Observatoire de l'Institut d'entrepreneuriat Banque Nationale - HEC Montréal, perçoit comme un signe encourageant. «Ça démontre que les jeunes voient des possibilités dans leur région, qu'ils y voient des occasions de développement. S'ils n'y croyaient plus, ils chercheraient à créer leur entreprise ailleurs, ce qui n'est pas le cas.»

Une fois propriétaires, ils paraissent aussi plus nombreux que les 35 ans ou plus à vouloir croître dans les trois prochaines années (63,8 %, comparativement à 42,5 %). Il en est de même quant à la volonté de faire des affaires à l'extérieur de leur région administrative d'origine (53,3 et 45 %) ainsi qu'à l'international (20,3 et 16,2 %). Ils sont plus naturellement disposés à envisager une croissance internationale.

Glutenberg, par exemple, jeune brasserie de bière sans gluten, a pensé à l'exportation dès la conceptualisation du projet. «Même le nom de l'entreprise a été pensé en fonction de cet élément de notre plan d'affaires», explique son cofondateur, Julien Niquet, 31 ans. Après deux ans, l'entreprise de Montréal enregistre des ventes de 3 millions de dollars au Canada, aux États-Unis et en Italie. Elle estime pouvoir les quadrupler d'ici trois ans.

Afin de percer sur l'échiquier mondial, les jeunes propriétaires québécois sont de loin plus nombreux (40 %, comparativement à 8,3 % dans le reste du Canada) à requérir à des réseaux de relations. «Ils ont confiance, mais savent qu'ils ont besoin de contacts, qu'ils y arriveront plus difficilement seuls ; ce qui prouve leur niveau élevé de maturité», se réjouit encore Gabriel Chirita.

Il y a une avidité de connaissances dont il faut continuer de profiter, résume Mme Marchand : «Les résultats sont là. Reste maintenant à continuer d'améliorer nos pratiques afin de continuer de bien performer. La fusée décolle, ce n'est pas le moment de couper les gaz !»

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