Analyse : pari prometteur mais risqué sur Magna

Publié le 17/06/2009 à 00:00

Analyse : pari prometteur mais risqué sur Magna

Publié le 17/06/2009 à 00:00

Par Dominique Beauchamp

Dans ce genre de pari, le potentiel est habituellement proportionnel au risque assumé.

En signant un accord de principe pour acquérir une participation de 20 % dans Opel, filiale européenne déficitaire de General Motors (GM), et en affirmant vouloir à la fois percer le marché russe et fabriquer des autos électriques au Canada, Magna signale qu'elle compte se tailler une place de choix dans l'industrie.

Pour le moment, les experts financiers semblent donner la chance au coureur, même si les visées du fabricant de pièces d'auto restent floues.

Son action s'est appréciée de 11 % depuis le 22 mai, date à laquelle Magna a déposé une offre formelle sur Opel en partenariat avec la banque russe OAO Sberbank.

Les investisseurs donnent le bénéfice du doute à Magna, en raison de la réputation de fin renard de M. Stronach et du savoir-faire de l'équipe de direction, notent des financiers à qui nous avons parlé.

L'éventualité d'une amélioration des ventes d'autos et la valeur d'aubaine de l'action de Magna jouent aussi en sa faveur, souligne Peter Sklar, de BMO Marchés des capitaux.

« S'il y a un bon moment pour être fonceur, c'est bien lorsque l'industrie vit ses pires moments. Les bas prix des actifs en temps de crise et le potentiel d'une reprise améliorent le rendement qu'on peut tirer d'une transaction », fait valoir Stéphane Gagnon, gestionnaire au Fonds des professionnels.

Si les ventes nord-américaines d'autos rebondissaient, passant par exemple de 9,2 millions d'unités en 2009 (au rythme des ventes en mai) à 10 millions en 2010, Magna dégagerait un bénéfice d'exploitation de 1 milliard de dollars américains. M. Gagnon croit que le titre pourrait atteindre 44 $ si on applique un ratio de trois fois ce bénéfice, ce qui représente un gain de 10 % par rapport au cours actuel.

Bruce Murray, de McLean Budden, rappelle qu'en 2004, le bénéfice par action de Magna avait atteint 7 $ US.

Un grand risque

Fadi Chamoun, analyste chez UBS, se montre plus sceptique à l'égard de l'investissement éventuel de 388 millions de dollars de Magna dans Opel, surtout si elle se sert d'Opel comme tremplin pour devenir un constructeur et entrer dans le marché russe, qui est instable. M. Chamoun préférerait que Magna se contente de rafler des contrats de fabrication de composants automobiles à des rivales affaiblies.

« La stratégie de Magna est risquée et pourrait changer fondamentalement sa capacité d'enrichir ses actionnaires », écrit-il le 2 juin.

Opel pourrait procurer des revenus supplémentaires de 3,3 milliards de dollars à Magna si elle lui confie la fabrication de plus de pièces.

Par contre, Magna devra investir 1,3 milliard pour augmenter sa capacité de production, selon M. Chamoun.

En outre, Magna se trouverait en concurrence directe avec ses clients BMW, Daimler et Volkswagen en Europe.

M. Murray soupçonne qu'en investissant dans Opel, Magna vise avant tout à devenir un fournisseur encore plus privilégié de son principal client GM. Elle pourrait lui revendre Opel dans quelques années.

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