La Fed confrontée à la question du calendrier des baisses de taux

Publié le 31/01/2024 à 12:14

La Fed confrontée à la question du calendrier des baisses de taux

Publié le 31/01/2024 à 12:14

Par AFP

(Photo: Getty Images)

Washington — Quand la Fed commencera-t-elle à baisser ses taux d’intérêt? La question est au cœur de la réunion qui s’achève mercredi midi, après des chiffres meilleurs qu’attendu sur l’inflation et la croissance, et alors que l’emploi semble enfin se détendre.

Les discussions du Comité de politique monétaire (FOMC) ont débuté mardi matin, et repris mercredi «à 09h00 comme prévu», a précisé à l’AFP un porte-parole de la Fed.

La réunion s’achèvera à la mi-journée, et la Fed publiera un communiqué à 14h00, son président, Jerome Powell, tiendra une conférence de presse trente minutes plus tard.

La Réserve fédérale pourrait «commencer à réduire ses taux en mai», car la hausse des salaires au quatrième trimestre a été «la plus faible depuis mi-2021», observe Nancy Vanden Houten, économiste pour Oxford Economics, après la publication mercredi de chiffres sur les coûts de l’emploi d’octobre à décembre.

Après avoir relevé ses taux à 11 reprises entre mars 2022 et juillet 2023 face à l’inflation, les faisant grimper de 5 points jusqu’à la fourchette de 5,25-5,50%, la Réserve fédérale songe à les abaisser à l’avenir.

Ses responsables ont signalé en décembre qu’ils anticipent trois ou quatre baisses cette année, mais sans préciser quand cela pourrait débuter.

Dès mars, s’aventurent certains. Plutôt en mai pour la majorité des acteurs de marché, d’après l’évaluation de CME Group.

 

Données «incroyablement bonnes»

Gregory Daco, économiste pour EY Parthenon, avertit néanmoins que la Fed «se méfie de toute surprise négative en matière d’inflation», et aura donc tendance à rester prudente.

En janvier, 107 000 emplois privés seulement ont été créés aux États-Unis, contre 158 000 en décembre, selon les chiffres ADP/Stanford Lab, également publiés mercredi matin. Et la hausse des salaires est au plus bas depuis mai 2021 pour les personnes ayant changé d’emploi.

«L’économie semble se diriger vers un atterrissage en douceur aux États-Unis et dans le monde», a souligné la cheffe économiste d’ADP, Nela Richardson.

C’est-à-dire juguler l’inflation, sans pour autant faire flamber le taux de chômage ni provoquer de récession.

«Les données sont incroyablement bonnes», rappelait en début de semaine la cheffe économiste de KPMG, Diane Swonk, dans un article de blogue.

Les chiffres de l’inflation PCE, la mesure privilégiée par la Fed et qu’elle veut ramener à 2%, ont été publiés la semaine dernière: «inflation sous-jacente — qui exclut l’énergie et l’alimentation - est au plus bas depuis près de trois ans, à 2,9% sur un an».

Cela signifie que la cible des 2% pourrait donc bientôt être atteinte.

La Fed est indépendante du pouvoir politique. Mais, à neuf mois de l’élection présidentielle, le sujet est dans tous les esprits, alors que le président démocrate Joe Biden, comme son principal concurrent républicain, Donald Trump, vantent leurs réussites économiques.

 

Consommateurs optimistes

«Nous sommes pleinement concentrés sur notre volonté de restaurer la stabilité des prix», a rappelé dans une interview la présidente de la Fed de San Francisco, Mary Daly, nouvelle membre votante du FOMC, «mais il nous reste du travail».

L’économie américaine s’est montrée bien plus vigoureuse que prévu en 2023, la croissance de son PIB s’accélérant même par rapport à 2022, à 2,5%. Et elle n’a finalement pas connu, loin de là, la récession tant annoncée.

Le taux de chômage, lui, est toujours à ses niveaux les plus bas depuis 50 ans, à 3,7% en décembre.

Mais la hausse des taux a renchéri le coût des emprunts, notamment immobiliers, alors que l’inflation est venue rogner le pouvoir d’achat des ménages, même si les salaires ont dans l’ensemble progressé.

Même les consommateurs semblent retrouver leur optimisme: l’indice de confiance du Conference Board a atteint mardi son plus haut niveau depuis décembre 2021.

 

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