Ukraine: la situation sur le terrain au 30e jour

Publié le 25/03/2022 à 08:01, mis à jour le 25/03/2022 à 16:48

Ukraine: la situation sur le terrain au 30e jour

Publié le 25/03/2022 à 08:01, mis à jour le 25/03/2022 à 16:48

7h00 | Bruxelles — Les États-Unis et l'Union européenne ont annoncé vendredi à Bruxelles des mesures pour réduire la dépendance européenne au gaz russe, peu avant le départ pour la Pologne du président américain Joe Biden, seconde étape d'un voyage en Europe consacré à l'invasion russe en Ukraine.

À des milliers de kilomètres de là, la mairie de Marioupol, port ukrainien stratégique de la mer d'Azov, dont le théâtre dramatique avait été bombardé le 16 mars, a affirmé sur Telegram qu'environ 300 personnes y seraient mortes, selon des témoins. Des centaines de personnes, «principalement des femmes, enfants et personnes âgées», étaient réfugiées dans ce théâtre.

Plus de 2 000 civils ont été tués dans la ville assiégée, indique un dernier bilan communiqué par la mairie et quelque 100 000 personnes sont toujours bloquées et manquent de tout, selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

À Bruxelles, Joe Biden et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont annoncé dans un communiqué la création d'un groupe de travail visant à réduire la dépendance de l'Europe envers les énergies fossiles russes.

Dans ce contexte, les États-Unis s'efforceront de fournir à l'Europe 15 milliards de mètres cubes supplémentaires de gaz naturel liquéfié (GNL) cette année, selon le communiqué.

Au même moment, l'Allemagne, qui importait avant l'invasion russe un tiers de son pétrole et quelque 45% de son charbon de Russie, a annoncé qu'elle se passerait du charbon russe d'ici l'automne et réduirait très fortement sa dépendance au pétrole russe d'ici la fin de l'année.

Pour le gaz, l'Allemagne pourra être «largement indépendante (…) d'ici mi-2024», a indiqué le ministère allemand de l'Économie dans un communiqué. Le pays a déjà réduit ces dernières semaines ses importations de gaz en provenance de Russie, qui ne représentent plus que 40% du total.

Le ministère ukrainien des Infrastructures a de son côté demandé à l'UE, sur Telegram, de «bloquer complètement les liaisons terrestres et maritimes avec la Russie et le Bélarus» pour empêcher la fourniture de biens pouvant servir à des fins militaires.

 

Réserve de carburant détruite

En Ukraine, l'offensive russe, qui entre dans son deuxième mois, se poursuit et se mue de plus en plus en une guerre d'usure. Vendredi, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir détruit avec des missiles de croisière la plus grande réserve de carburant de l'armée ukrainienne près de Kyiv, qui servait selon Moscou «à approvisionner les unités dans la partie centrale du pays».

De son côté, le ministère des Situations d'urgence a confirmé qu'un dépôt de produits pétroliers situé à Kalynivka, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Kyiv, avait été touché jeudi soir par un bombardement et qu'un incendie y faisait toujours rage vendredi matin. 

«L'opération (dans l'ensemble du pays) doit se poursuivre jusqu'à ce qu'elle atteigne son objectif de démilitariser et de dénazifier l'Ukraine», a déclaré vendredi le vice-président du conseil de sécurité russe, Dmitri Medvedev, dans une interview à l'agence de presse RIA-Novosti, reprenant la rhétorique chère au président Vladimir Poutine.

Dans l'Est, quatre civils ont été tués et trois autres blessés dans des tirs de lance-roquettes sur un centre médical à Kharkiv, selon la police régionale tandis qu'à Roubijné, localité située près de Lougansk, deux habitants ont été tués dans des bombardements la nuit de jeudi à vendredi, selon le gouverneur de la région Serguiï Gaïdaï. 

La nuit précédente, au moins quatre personnes dont deux enfants y étaient déjà mortes et les autorités ukrainiennes avaient accusé Moscou d'avoir employé des bombes au phosphore.

Interrogé sur ces accusations, le Kremlin a démenti vendredi toute violation du droit international et accusé Joe Biden de vouloir «détourner l'attention» des «programmes de développement des armes chimiques et biologiques que les États-Unis ont mis en place dans plusieurs pays, y compris en Ukraine».

Par ailleurs, une unité militaire en périphérie de Dnipro, dans le centre du pays, a été touchée jeudi soir par deux frappes de missiles, a indiqué le gouverneur régional Valentyn Reznitchenko sans donner de bilan des victimes. «Destructions importantes. Des secouristes déblaient les décombres et cherchent des gens», a-t-il écrit sur Telegram. 

Sur le front de la capitale ukrainienne, la bataille s'intensifie.

«Nos soldats tiennent la ville de Tcherniguiv et entravent l'avancée de l'ennemi en direction de Kyiv. Nous continuons de repousser l'offensive ennemie sur Kyiv», affirme le dernier bulletin de l'état-major de l'armée ukrainienne, publiée vendredi à l'aube.

«Il y avait beaucoup de tirs, ils ont touché ma maison. Les fenêtres, les portes, les plafonds sont détruits», raconte à l'AFP Iaroslava Delichevska, 58 ans, qui a fui, avec les cinq chiens de la famille, sa banlieue de Kyiv, transformée en théâtre de combats acharnés.

L'armée ukrainienne affirme aussi qu'en mer d'Azov, le navire russe «Saratov», destiné à une opération de «débarquement», «a été détruit lors de l'attaque contre le port occupé de Berdiansk». 

Deux autres navires russes de débarquement, le «Caesar Kunikov» et le «Novotcherkassk», ont aussi été «endommagés», selon Kyiv.

Dans sa dernière vidéo publiée sur Facebook, dans la nuit de jeudi à vendredi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, retranché à Kyiv, a rendu hommage à «l'opposition héroïque du peuple ukrainien face à l'invasion militaire russe». 

En un mois de guerre, des milliers d'Ukrainiens ont été tués, 6,5 millions ont dû quitter leurs maisons dont plus de 4 300 ont été détruites, selon un dernier bilan du président Zelensky. Le parquet général a fait état de son côté d'au moins 135 enfants tués et 184 autres blessés.

Joe Biden est attendu vendredi en début d'après-midi dans la ville polonaise de Rzeszow, à environ 80 kilomètres de la frontière avec l'Ukraine, seconde étape de son voyage en Europe.

Arrivant de Bruxelles, il sera reçu par le président polonais Andrzej Duda à l'aéroport de cette ville polonaise située à deux heures et demie de route de Lviv, principale ville de l'ouest de l'Ukraine, où affluent les réfugiés.

Il recevra ensuite un breffage sur «la réponse humanitaire afin d'apaiser la souffrance des civils en Ukraine et de répondre au flux croissant de réfugiés qui fuient la guerre que (Vladimir) Poutine a choisie», a précisé la Maison-Blanche.

 

2,2 millions de réfugiés ukrainiens en Pologne

Depuis le 24 février, plus de 2,2 millions de personnes fuyant le conflit en Ukraine sont entrées en Pologne, ont annoncé les gardes-frontières polonais.

Joe Biden ira à la rencontre de soldats américains positionnés dans cette région, qui font partie des plus de 100 000 militaires américains actuellement présents en Europe.

Il ira ensuite à Varsovie, où il prononcera un discours «sur les efforts unis du monde libre pour soutenir le peuple ukrainien» et «tenir la Russie responsable de sa guerre brutale», selon la Maison-Blanche.

Ces deux jours de visite en Pologne interviennent à la suite d'un marathon diplomatique hors du commun à Bruxelles, où Joe Biden a multiplié les sommets — OTAN, G7, UE — pour vanter l'unité occidentale dans sa réponse à la Russie, un mois jour pour jour après le début de son invasion de l'Ukraine.

Joe Biden a promis jeudi à Bruxelles pour la première fois une «réponse» de l'OTAN dans le conflit en Ukraine si la Russie y recourait à l'arme chimique, une menace qu'il a jugée «crédible».

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a par ailleurs fait part jeudi soir de son «inquiétude» après avoir été informée par les autorités ukrainiennes de bombardements de la ville où vit le personnel du site de Tchernobyl.

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