Plus le Groupe Jean Coutu tarde, plus Rite Aid lui coûte cher

Publié le 17/01/2009 à 00:00

Plus le Groupe Jean Coutu tarde, plus Rite Aid lui coûte cher

Publié le 17/01/2009 à 00:00

Le Groupe Jean Coutu commence à reconnaître que son aventure américaine a été une erreur. Mais ses dirigeants ne l'admettent encore que du bout des lèvres. Malheureusement, plus l'entreprise tarde à faire une croix sur son placement dans la chaîne américaine Rite Aid, plus cela lui coûte cher.

Le 8 janvier, le Groupe Jean Coutu a annoncé qu'il prenait une charge de 357,8 millions de dollars canadiens (M$ CA) pour tenir compte de la perte de valeur de son placement dans Rite Aid, dont il détient 29,3 %, soit 252 millions d'actions.

À la fin de son exercice 2008-2009 (qui se terminera à la fin de février), Jean Coutu révisera de façon plus approfondie la valeur de son placement.

Ce faisant, l'entreprise québécoise reconnaît que son investissement ne vaut plus ce qu'il valait, ce qui est une bonne nouvelle. Avant cette provision pour pertes, Jean Coutu inscrivait dans ses livres que l'action de Rite Aid valait 4 $ CA, alors qu'elle s'échange actuellement en Bourse à un cours de 0,36 $ US !

Il est vrai que les cours boursiers sont parfois loin de la valeur intrinsèque d'un titre, mais il y a des limites !

Après la récente radiation, le Groupe Jean Coutu considère que son placement dans Rite Aid vaut encore 800 M$, soit un peu plus de 3 $ par action.

La chaîne de pharmacies québécoise a vraiment une vision très optimiste à l'égard de Rite Aid, du moins par rapport au jugement des investisseurs.

Immédiatement après avoir annoncé la radiation, le président et chef de la direction, François Jean Coutu, a indiqué : "Les résultats divulgués récemment par Rite Aid font toutefois état d'une hausse de son BAIIA [bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements] ajusté et d'un meilleur contrôle des coûts."

C'est vrai, mais il n'en demeure pas moins que Rite Aid a triplé sa perte au dernier trimestre terminé le 29 novembre. Elle a annoncé que les résultats du quatrième trimestre seront inférieurs aux attentes. Accablée par une dette de 6 milliards de dollars américains (G$ US), Rite Aid lutte pour sa survie.

La facture augmente

Jean Coutu a commis une grave erreur en acquérant 1 549 pharmacies Eckerd au coût de 2,5 G$ US le 31 juillet 2004. Et plus on prend du temps à l'admettre publiquement, plus les dégâts s'aggravent et plus la facture augmente.

Ma critique n'a pas trait au fait que le titre de Jean Coutu a chuté de 58 % depuis l'achat d'Eckerd. Je m'inquiète plutôt des dommages sur le plan commercial, qui sont probablement plus graves que cette chute boursière.

Le 31 mai 2004, l'avoir des actionnaires de Jean Coutu s'établissait à 1,2 G$ CA. Au 29 novembre 2008, il n'était plus que de 498 M$. L'avoir a fondu de 254 M$ pour les trois premiers trimestres de l'exercice 2008-2009. Et l'avoir des actionnaires devient nul si vous inscrivez dans les livres de Jean Coutu les actions de Rite Aid à la valeur au marché.

Prenez une minute pour réfléchir à ce que cela signifie : à cause de l'achat des pharmacies Eckerd, le Groupe Jean Coutu a liquidé tout l'avoir amassé depuis l'ouverture de son premier établissement en 1969.

Heureusement, sa situation financière demeure solide : sa dette à long terme s'établissait à 290,2 M$ au 29 novembre et ses fonds autogénérés ont atteint 128 M$ au cours des trois premiers trimestres (avant les investissements dans son fonds de roulement). Toutefois, c'est loin de la forteresse qu'il était.

De plus, son développement a été retardé. En 2002, Jean Coutu comptait 302 pharmacies au Canada. Six ans plus tard, il en compte 348. L'entreprise a donc ouvert en moyenne seulement sept établissements par année, trop occupée qu'elle était à gérer son rêve américain.

Pendant ce temps, sa concurrente Shoppers Drug Mart a accru sa présence au Québec, en ouvrant et en rénovant de nombreux magasins Pharmaprix.

Il ne faut pas oublier que l'aventure américaine a aussi fait perdre à Jean Coutu ses pharmacies Brooks, qui étaient rentables. Elles ont été fusionnées aux Eckerd acquises et vendues par la suite à Rite Aid.

Enfin, le dommage le plus grave est intangible. Avant le fiasco américain, Jean Coutu avait une réputation presque sans tache. Ce n'est plus le cas.

Les investisseurs sont capables de pardonner des erreurs. Qui n'en fait pas ? C'est toutefois beaucoup plus facile quand les dirigeants font preuve d'ouverture. Mais il est si difficile de faire son mea-culpa !

bernard.mooney@transcontinental.ca

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