"Il faut en arriver à une communauté d'esprits" - John Paul Murdoch, avocat cri

Publié le 01/10/2011 à 00:00, mis à jour le 07/02/2012 à 10:36

"Il faut en arriver à une communauté d'esprits" - John Paul Murdoch, avocat cri

Publié le 01/10/2011 à 00:00, mis à jour le 07/02/2012 à 10:36

Par Suzanne Dansereau

Les Affaires - Quels conseils prodiguez-vous aux entreprises qui veulent faire affaire avec des autochtones ?

John Paul Murdoch - Venez nous voir, passez du temps avec nous sur notre terrain ! Arrêtez de nous donner rendez-vous dans un hôtel du centre-ville à Montréal. Le gars que vous rencontrerez à Montréal n'est pas le même quand il est chez lui. Ne choisissez pas de faire des affaires avec le premier venu. C'est avec le gars le plus occupé et le moins disponible que vous devrez faire des affaires. C'est lui qui mène. Ce qu'il faut aussi savoir, c'est qu'avant de signer une entente, il faut en arriver à une communauté d'esprits. Une mauvaise entente entre deux personnes de bonne volonté vaut mieux que la meilleure entente entre deux trous de... ! C'est pour cela qu'il ne faut pas nous demander de passer chez le notaire le premier jour.

L.A. - Comment jugez-vous l'évolution des partenariats entre Blancs et autochtones ?

J.P.M. - Il y a encore beaucoup de préjugés sur notre capacité de réaliser des contrats. Or, si on prend une participation de 51 % dans une entreprise, c'est qu'on veut 51 % des responsabilités : 51 % de l'équité, de la dette, du travail, de la direction, des profits, des risques, de la main-d'oeuvre. Il est vrai qu'il existe encore des compagnies autochtones qui ne possèdent qu'un pick-up et deux employés. Mais une fois qu'on a démontré nos capacités, il faut mettre ces préjugés de côté. Je n'aime pas les entreprises qui disent "ne faites rien, on va s'occuper de tout" et qui se contentent de nous offrir une ristourne sur les contrats.

L.A. - Au nom des Cris de Wemindji, vous avez négocié l'entente avec Goldcorp pour la mine d'or Éléonore, à la baie James. Que doit-on en retenir ?

J.P.M. - Cette entente reflète un changement d'attitude majeur, tant de la part des minières que des peuples autochtones. Les Cris ne se comportent plus en victimes, mais en égaux. L'attitude de confrontation, l'esprit de guerre, ça c'était dans le temps de la Convention de la Baie James et du dossier Grande-Baleine.

Les minières acceptent enfin qu'on puisse améliorer leur projet, et même le rendre plus rentable. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé concernant la construction de la route menant à Éléonore. La firme d'ingénieurs retenue par Goldcorp et l'entrepreneur général ne s'entendaient pas sur le prix du contrat. On est allé voir le maître de trappe, qui connaît le territoire par coeur. Il a revu le tracé et a fait économiser 3 millions en études à Goldcorp, et le prix de la route a été ajusté.

CV

Nom : John Paul Murdoch

Titre : Associé

Entreprise : Morin Murdoch Archambault

Cet avocat cri conseille les communautés autochtones dans leurs partenariats d'affaires. À titre de conseiller juridique du Grand conseil des Cris, il a participé à la Paix des Braves.

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