Attention ça risque de faire boom

Publié le 24/09/2011 à 00:00, mis à jour le 07/02/2012 à 10:31

Attention ça risque de faire boom

Publié le 24/09/2011 à 00:00, mis à jour le 07/02/2012 à 10:31

Par Suzanne Dansereau
Loger à l'auberge de jeunesse

La pénurie de logements et de main-d'oeuvre pourrait freiner l'expansion du Nord.

À Sept-Îles, Port-Cartier et Fermont, la situation s'aggrave. Lors de notre passage, nous avons entendu les anecdotes suivantes : un ouvrier de la construction dort dans son pick-up pendant une semaine ; un homme d'affaires est envoyé au dortoir de l'auberge de jeunesse de Sept-Îles, parce que toutes les chambres d'hôtel sont louées le soir de son arrivée non planifiée ; le centre d'hébergement de Sept-Îles est pris d'assaut par des locataires incapables d'absorber les hausses de loyers ; et le nouveau greffier de Port-Cartier arrive de l'extérieur et doit partager un 11/2 avec sa femme et son enfant. Même la mairesse n'a pu lui trouver mieux !

Fermont, elle, fait face à un nouveau phénomène : ses retraités refusent de partir. Autrefois, ils déménageaient une fois leur vie active terminée, mais maintenant qu'il y a de l'avenir pour leurs enfants et leurs petits-enfants, ils veulent rester à Fermont et ont besoin de logements.

Trouver des promoteurs immobiliers n'a pas été un problème à Fermont et à Port-Cartier, grâce aux investissements prévus d'Arcelor Mittal.

Mais à Sept-Îles, l'absence de nouveaux projets industriels rend la tâche difficile, malgré les subventions variant entre 2 000 et 10 000 $ par logement construit que la ville a annoncées en janvier dernier.

Sept-Îles est doublement désavantagée : un de ses plus gros acteurs économiques, la minière IOC, paie ses impôts et redevances au Labrador, pas au Québec.

Ville de services, Sept-Îles est pourtant en première ligne quant au boom du fer au Nord, à la construction de la Romaine sur la Basse-Côte-Nord et à la formidable effervescence de son port. On prévoit une hausse de 40 % de sa population d'ici dix ans. Les choses pourraient changer si la phase 3 de l'aluminerie Alouette est annoncée, mais en attendant, les promoteurs immobiliers et les PME ne répondent pas à l'appel, déplore le commissaire industriel Christian Denis. "Chacun attend que l'autre bouge", dit-il.

Toutes ces villes veulent attirer des PME et des chaînes de commerce. Mais la main-d'oeuvre est très chère et difficile à trouver.

"Je ne trouve pas de mécanicien" se plaint la directrice du concessionnaire Pascal Automobile, Line Lévesque. Où sont-ils ? À la mine, où ils peuvent gagner deux fois plus...

Combat similaire dans le commerce de détail : "J'ai dû doubler mes salaires", indique Stéphanie Brouillette, gérante du magasin Aventure Côte-Nord de Port-Cartier.

Survivre aux mines

Les villes touchées par le Plan Nord en endossent complètement l'approche de "développement durable". Prospérer au-delà de la durée de vie des mines, diversifier les activités économiques, investir dans le développement des communautés : tel est leur souci. Et leur défi. "Nous ne voulons pas être une ville-dortoir", lance Lise Pelletier, mairesse de Fermont.

À la mine du Lac Bloom, près de Fermont, une forte majorité des employés de Cliffs Natural Resources font du fly-in, fly-out" : au lieu de résider à Fermont, ils vivent ailleurs et sont transportés par avion par leur employeur, où ils travaillent plusieurs semaines d'affilée avant de retourner chez eux.

À la nouvelle mine du Mont-Wright, d'Arcelor Mittal Mines Canada, le vice-président des ressources humaines, Alain Cauchon, promet qu'au moins le tiers des employés de la mine située à Fermont même seront des résidants de la ville.

Pas plus ?

"Il faut comprendre que le contexte est international, répond-il. Les sociétés minières ont le choix de s'installer où elles veulent, et elles vont là où leur taux de rendement est le plus élevé. En matière de main-d'oeuvre, elles recrutent les personnes les plus compétentes où elles se trouvent, et ne peuvent écarter les grands centres, ni les employés qui refusent de déménager leur famille."

De grands déséquilibres

Quoi qu'il en soit, l'accroissement soudain de la population et l'arrivée massive d'ouvriers de passage (sans leur famille) préoccupent le secteur de la santé et des services sociaux qui prévoit une augmentation de la demande, alors qu'il peine lui aussi à recruter du personnel.

"Je ne veux pas avoir les problèmes d'en bas", lance le directeur du CSSS de Fermont, Normand Ducharme, en parlant de la côte.

À Port-Cartier, Laurence Méthot mentionne avoir observé deux décès par manque d'ambulances.

"Un boom économique dans une région éloignée crée de grands déséquilibres, des écarts sociaux et économiques", indique Louis Dussault, professeur en administration à l'Université du Québec à Chicoutimi. "Il faut les prévoir le mieux possible et trouver les moyens de les minimiser." M. Dussault prépare une étude sur le sujet, en se servant, à titre comparatif, du boom de Fort McMurray, dans les sables bitumineux de l'Alberta.

Et l'éducation ? Le Cégep de Sept-Îles est plus occupé que jamais. Depuis trois ans, son volume d'activité a doublé, entre autres grâce aux contrats de formation avec les minières. Il est d'ailleurs en train de bâtir une résidence pour plus de 100 étudiants et un centre de transfert technologique. "À des coûts de construction 35 % plus élevés qu'il n'avait été prévu", précise son directeur général Donald Bhérer, illustrant un autre impact négatif du boom.

À la une

À surveiller: Cogeco Communications, Amazon et Restaurant Brands International

Il y a 47 minutes | Denis Lalonde

Que faire avec les titres de Cogeco Communications, Amazon et Restaurant Brands? Voici des recommandations d’analystes.

Bourse: Wall Street ouvre dispersée autour de l'équilibre avant la Fed

Mis à jour à 09:58 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto ouvre en baisse.

Les nouvelles du marché du mercredi 1er mai

Mis à jour à 09:40 | Refinitiv

Cenovus Energy fait mieux que prévu avec une hausse de production.