Et elle a fait sa place, en n’acceptant pas de se laisser marcher sur les pieds. Par exemple, quand un homme lui a dit qu’il admirait les femmes parce qu’elles sont capables, elles, de faire du multi-tâches («Elles peuvent nourrir le bébé tout en préparant le repas et en parlant au téléphone»), son sang n’a fait qu’un tour : «Oui, les femmes peuvent faire plein de choses à la fois, c’est vrai. Mais certainement pas que ce cliché du bébé, de la bouffe et du blah-blah!», lui a-t-elle rétorqué, en le regardant comme un arriéré.
On le voit bien, la vie des femmes au travail n’a rien de simple. Les bâtons fusent de toutes parts dans leurs roues. Comment faire pour progresser malgré tout? Les deux femmes se rejoignent sur plusieurs points pour répondre à cette interrogation, mais un de ceux-ci a attiré mon attention : l’idée d’agir comme un outsider.
Un outsider? Oui, car cela peut permettre de manœuvrer en territoire hostile, l’air de rien, sans trop éveiller les soupçons des prédateurs, du moins au départ. «Agir de la sorte me paraît logique, pour une femme évoluant dans un milieu professionnel très masculin, considère Mme Spencer. Quand j’ai commencé à travailler dans le secteur de la distribution de la viande, je me suis mise à poser des questions. Tout le temps, à tout le monde. Je questionnais tout, comme un petit enfant qui découvre quelque chose de terriblement excitant. J’ai ainsi obtenu des réponses très enrichissantes. Les hommes ont pris le temps de me répondre. Et ce, jusqu’à ce que je me sois sentie assez à l’aise pour prendre des décisions éclairées.»
Asticieux, non? Pensez-vous que ce soit applicable dans votre cas? Et vous, messieurs, pensez-vous saisir un peu mieux la réalité du quotidien de vos collègues féminines? Souvenez-vous, en tous cas, de ce que disait l’écrivain français Sébastien Roch Nicolas, dit Chamfort, déjà à la fin du 18e siècle : «Quelque mal qu’un homme puisse penser des femmes, il n’y a pas de femme qui n’en pense encore plus mal que lui»…