Commençons avec Mme Lemieux… Dans son livre Une femme dans le vestiaire des hommes, elle fait part des quelques «subtilités» auxquelles elle a déjà eu droit dans le cadre de son travail de soutien des joueurs agressifs, peu confiants, désespérés ou accablés de toutes sortes de maux. Il y a «Ton programme psychologique me tente, mais toi tu me tentes encore plus», «Combien de GHB [la drogue du viol] dans ton café?», «En toute franchise, si tu étais un gars, on te backerait», et autres «Ça doit changer de faire la vaisselle», «Tu voulais être ici? Alors assume!» et «Psychologie : c’est ça, la manière que tu as trouvée pour te pogner un gars?»…
«On a tenté à maintes reprises de me remettre à ma place, et de bien des façons. Les entraîneurs, surtout les adjoints qui supportent partiellement les joueurs au niveau psychologique, me perçoivent comme une ennemie, un parasite qui ne veut pas décoller, une voleuse de job. Ils ne comprennent pas que je complète le personnel d’entraîneurs», explique-t-elle.
«Pis, très souvent, aucun membre du personnel de l’organisation ne tolère que mon impact psychologique soit plus grand que le sien. On ne supporte pas que j’aie l’exclusivité des confidences des joueurs, alors qu’au départ, c’est pour cette raison qu’on m’a engagée. (…) Les hommes m’insultent non pas parce qu’ils le veulent, mais bien parce qu’ils croient – à tort – qu’ils le peuvent», ajoute-t-elle.
Voilà le point important. Les hommes se comportent mal – sans toujours aller jusqu’à l’insulte directe, bien entendu – envers leurs collègues féminines parce qu’ils sentent qu’ils sont dans leur bon droit. Cela ne devrait pas leur nuire, du moins pas trop parce que les sanctions sont alors minimes voire inexistantes, et cela pourrait même leur profiter, dans le cas où la victime – ou plutôt la concurrente – finit par craquer et s’écarter de son chemin.