La meilleure façon d'innover, selon Joseph Stiglitz

Publié le 24/09/2014 à 09:09

La meilleure façon d'innover, selon Joseph Stiglitz

Publié le 24/09/2014 à 09:09

Passionnant, n'est-ce pas? Mais, minute… Je vous vois venir… Une idée vous est venue en tête… La suivante : «OK, et les États-Unis, dans tout ça? C'est loin d'être un modèle nordique, avec son capitalisme "sauvage". Et pourtant, ils sont le numéro 1 mondial en matière d'innovation. Alors?»

Excellente interrogation. Laquelle est, bien sûr, venue à l'esprit du professeur de Columbia. Il y consacre d'ailleurs une grande partie de son étude. Voici, en substance, sa réponse…

Il est indéniable que les États-Unis brillent par leur créativité. Mais cela n'est pas le fruit de la liberté totale qui y est laissée aux innovateurs, mais plutôt d'un «accident de l'Histoire». Au 19e siècle, nos voisins du Sud n'étaient pas du tout le pays le plus innovant du monde. Il a fallu le concours de plusieurs circonstances pour qu'il le devienne : des mesures gouvernementales soutenant des secteurs économiques clés; un effondrement financier et économique forçant de changer les façons de faire; des universités à la fine pointe de la recherche; etc.

En conséquence, les États-Unis sont de nos jours un géant de l'innovation, mais un géant aux pieds d'argile. Car il a écarté, dans sa ruée vers la première place, la dimension humaine de l'innovation. En vérité, la dimension fondamentale d'un progrès optimal. «Sa longue domination mondiale est maintenant menacée, même si la plupart des Américains n'en sont pas encore conscients», indique M. Stiglitz.

Un exemple? La Corée du Sud. En l'espace de quelques décennies, elle est devenue l'un des pays où l'on innove le plus dans le monde. Longtemps caractérisée par ses chaebol, ces conglomérats comme Samsung et Hyundai qui concentraient toute l'innovation du pays en leur sein, elle pétille actuellement d'ingéniosité grâce à la multiplication des startups. Une multiplication favorisée par le gouvernement, qui a récemment accordé une enveloppe de 3,2 milliards de dollars pour le soutien au développement de celles-ci durant les trois prochaines années. «L'avènement de la Corée du Sud comme pays d'innovation a été possible parce qu'elle a su trouver de faibles coûts pour rattraper les leaders, et même pour commencer à les surclasser dans certains domaines», explique l'économiste américain, qui voit là une confirmation éclatante de la justesse de son modèle de calcul.

Bon. Maintenant, que retenir de cette étude de Joseph Stiglitz? S'il n'y avait qu'une chose, ce serait celle-ci, à mon avis :

> Qui entend voir son équipe briller comme jamais par sa créativité se doit de miser à la fois sur l'humain et sur le partage. Parce que les idées neuves sont toujours dans les airs, et le meilleur moyen de les attraper en plein vol, c'est de se doter de personnes sensibles, les seules capables de les voir flotter autour de nous tous et de les capturer d'un habile coup de filet. Comme autant de papillons magiques. Et parce qu'il est vital, ce faisant, de veiller à répartir équitablement les fruits de l'innovation, sans quoi les uns et les autres finiront par voir leur créativité dépérir. Irrémédiablement.

En passant, le roi de France Henri IV aimait à dire : «Les grand mangeurs et les grands dormeurs sont incapables de quelque chose de grand».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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