Et si vous innoviez tout autrement?

Publié le 17/07/2012 à 09:20, mis à jour le 19/07/2012 à 13:57

Et si vous innoviez tout autrement?

Publié le 17/07/2012 à 09:20, mis à jour le 19/07/2012 à 13:57

«Voyant à chaque printemps réapparaître la puissance fécondante du flux vital, le sage Lao Zi décrit la nature comme ce qui "tourne sans faute et sans usure". L'esprit chinois n'y voit aucune action divine, juste un rythme. (…) Cette alternance est le continuel balancement entre un temps yin (lunaire, mystérieux, intérieur, nocturne, étalé dans le temps) et un temps yang (solaire, manifeste, social, resserré dans le temps). Attention, le yin et le yang ne sont pas des qualités substantielles, juste des repères au sein de l'incessant changement : "yin, c'est ce qui va devenir yang ; yang, c'est ce qui va devenir yin" écrivait le philosophe Wang Bi au 3e siècle.» (…)

«En Chine, on ne demande pas à l'artiste de "créer", de façonner des formes inédites, mais d'agencer d'une manière nouvelle ce qui est déjà là. Là est le génie», résume M. Javary. Un exemple concret : l'art de la calligraphie. La main qui tient le pinceau ne "crée" pas une ligne, car elle est déjà là, intérieure (yin), elle ne fait que la dévoiler, l'extérioriser (yang). Si, en Occident, l'inventeur est celui qui découvre, en Chine, il est celui qui révèle.»

Maintenant, comment s'y prendre pour agir comme un révélateur? D'après le sinologue, c'est plus simple qu'il n'y paraît : «ce qu'il faut, c'est une grande présence d'esprit, une sorte de "jeûne de l'esprit", comme disait le philosophe Zhuang Zi». Autrement dit, il convient d'apprendre à faire le vide en soi pour être en état d'accueillir l'idée juste que vous rêvez d'avoir et pour être ensuite en mesure de la retranscrire, d'une manière ou d'une autre. Plus que la création, il faut viser la concrétisation.

Pour en revenir à Mao Zedong, le processus d'innovation doit être le suivant, à ses yeux : «Les êtres humains acquièrent une riche expérience de leurs succès comme de leurs revers. D'innombrables phénomènes du monde extérieur objectif sont reflétés dans le cerveau par le canal des cinq sens – la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût et le toucher; ainsi se constitue, au début, la connaissance sensible.

«Quand ces données sensibles se sont suffisamment accumulées, il se produit un bond par lequel elles se transforment en connaissance rationnelle, c'est-à-dire en idées. C'est là le premier degré du processus général de la connaissance. (…)

«Vient ensuite le second degré du processus de la connaissance, le degré du passage de l'esprit à la matière, de la pensée à l'être : il s'agit alors d'appliquer [l'idée] acquise au cours du premier degré, pour voir si [elle] produit les résultats attendus. En général, est juste ce qui réussit, est faux ce qui échoue.»

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

Blogues similaires

L’exclusion des cadres des casinos du droit à la syndicalisation serait constitutionnelle

L’Association des cadres de la Société des casinos du Québec a déposé une requête en accréditation syndicale en 2009.

Les salutations de Jacques Ménard... ainsi que les miennes

Édition du 30 Juin 2018 | René Vézina

CHRONIQUE. C'est vraiment la fin d'une époque chez BMO Groupe financier, Québec... et le début d'une nouvelle. ...