Connaissez-vous l'effet cobra?

Publié le 25/10/2012 à 06:09, mis à jour le 25/10/2012 à 06:08

Connaissez-vous l'effet cobra?

Publié le 25/10/2012 à 06:09, mis à jour le 25/10/2012 à 06:08

Sur un marché du carbone, une entité publique, comme les Nations unies, fixe aux émetteurs de gaz à effet de serre un plafond d'émission plus bas que leur niveau d'émission actuel et leur distribue des quotas d'émission correspondant à ce plafond. Au bout d'un certain temps, les pollueurs doivent apporter la preuve qu'ils respectent le plafond imposé, sans quoi ils se doivent d'acheter les quotas qui leurs manquent à d'autres, ou se résoudre à payer une amende salée. Acheter à qui? Eh bien, à ceux qui, eux, ont émis moins de gaz que leur quantité allouée de quotas. L'unité d'échange est ainsi le quota, qui représente l'équivalent d'une tonne de dioxine de carbone (CO2).

Le hic, selon M. Dubner? Le cercle n'est pas si vertueux qu'il en a l'air, à l'image de ce qui se produit pour un gaz en particulier, le trifluorométhane, qui sert souvent de réfrigérant. Il faut savoir que le méthane possède 21 fois plus de propriétés d'effet de serre que le CO2, ce qui en fait une sorte de gaz "précieux" sur les marchés du carbone. Ce que n'ont pas manqué de remarquer les producteurs de trifluorométhane, qui se sont soudain mis à devenir de plus en plus nombreux sur la planète, leur objectif étant de marchander leurs quotas à ceux qui en avaient besoin. «On voulait réduire les émissions de gaz à effet de serre, et voilà que l'on assiste au contraire, avec l'apparition intéressée de plus en plus de pollueurs», a résumé le journaliste de Freakonomics.

Maintenant, que retenir de tout cela pour qui se pique de management et de leadership? C'est évident, il faut se méfier de l'effet cobra comme de la peste. Prenons un exemple : vous ouvrez un poste au sein de votre équipe, un poste intéressant et bien rémunéré, et fixez par conséquent des exigences élevées dans le profil des candidats. Autrement dit, vous voulez bien faire. Mais voilà, l'effet cobra voudra qu'il faudra vous attendre à voir quantité de CV "bidonnés" vous parvenir, en ce sens que certaines informations auront été "gonflées" pour satisfaire à vos demandes.

Idem, supposons que le PDG d'une grande entreprise fasse entrer en vigueur un programme de récompense pour ses équipes les plus performantes et fixe, par la même occasion, des cibles de ventes minimales – mais assez élevées tout de même – à atteindre par tous. Que croyez-vous qu'il se produira? Certains seront portés à tricher, à truquer leurs chiffres, surtout si chacun sent que la procédure de vérification sera, disons, "légère". Immanquablement. C'est l'effet cobra.

Je vous invite par conséquent à vous souvenir que :

> L'enfer est toujours pavé de bonnes intentions.

En passant, Henry de Montherlant a dit dans ses Carnets : «La naïveté est un élément trop capital du bonheur humain pour qu'on ne lui doive pas de l'indulgence».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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