Comment ne plus avoir peur de plonger dans l'inconnu?

Publié le 20/03/2015 à 06:09

Comment ne plus avoir peur de plonger dans l'inconnu?

Publié le 20/03/2015 à 06:09

Que devait donc faire chaque participant ? Il devait commencer par consulter les scénarios de l’option A pour déterminer celui avec lequel il se sentait le plus à l’aise, puis consulter l’option B afin d’identifier le scénario qui lui ferait switcher de l’option A à l’option B. C’est-à-dire identifier le scénario qui lui ferait prendre, en toute conscience, davantage de risques que ce qu’il était a priori disposé à prendre. Bref, trouver son «point de bascule décisionnel».

Quant au second jeu, qui se déroulait avec des urnes remplies de balles rouges et noires, la Feuille de Décision se présentait de manière similaire. La différence résidait surtout dans le fait qu’une grande incertitude caractérisait l’urne B (personne ne savait combien de balles rouges et noires il y avait), et par suite, par le fait que plus on prenait de risques avec l’urne B, plus cela était payant en terme de jetons empochés.

Là encore, ce qui intéressait les expérimentateurs, c’était le point de bascule décisionnel, à savoir le moment où chaque participant se mettait à passer de l’urne A à l’urne B, et donc à braver l’inconnu. Ce qui leur permettait, vous l’avez compris, de jauger l’attitude de chacun face à l’incertitude.

J’ai maintenant une dernière chose à vous dire à propos de cette expérience. En parallèle à tout ça, les trois chercheurs ont concocté un modèle de calcul économétrique visant à déterminer la meilleure attitude à avoir dans chacun des jeux. L’idée était la suivante : être en mesure de comparer le comportement réel des participants à celui – idéal – indiqué par le modèle de calcul. Pourquoi faire ? Pour savoir si ces petits jeux-là et le recours à une Feuille de Décision permettait d’obtenir d’aussi bons résultats que ceux du modèle de calcul.

L’intérêt peut vous paraître anecdotique. Et c’est normal. Mais il faut comprendre que pour des chercheurs, cela est crucial : si une méthode toute simple comme le fait de donner à quelqu’un une Feuille de Décision et un crayon pour cocher le scénario où il est prêt à passer d’une option A (risquée, mais pas trop) à l’option B (plus risquée parce qu’empreinte de davantage d’incertitude) donne d’aussi bons résultats que le modèle de calcul, eh bien, cela permettrait à l’avenir de simplifier grandement les recherches liées au comportement de l’être humain face à l’incertitude.

Résultats ? Ça a fonctionné. «Aussi déconcertant que cela puisse paraître a priori, il suffit d’une feuille de papier dotée d’un tableau et d’un crayon pour qu’on puisse établir avec précision la tolérance au risque et à l’incertitude d’une personne», indiquent-ils dans leur étude.

Bon. Tant mieux pour eux, vous allez me dire. Et vous ajouterez (en pensée) : «Ça me fait une belle jambe…». Laissez-moi vous rassurer : l’air de rien, cette découverte est fabuleuse, au point d’être susceptible de modifier votre attitude au travail ! Si, si…

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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