Berkshire Hathaway: l'après Warren Buffett

Publié le 08/05/2015 à 12:33

Berkshire Hathaway: l'après Warren Buffett

Publié le 08/05/2015 à 12:33

Maintenir la culture chez Berkshire

Quant à la culture d'entreprise, elle devrait demeurer pour un certain temps, mais certains comportements humains posent des risques à son maintien. Les dirigeants des filiales qui ont vendu leur entreprise à Berkshire Hathaway souhaitaient continuer à l'opérer et à la préserver. Ils savent que Berkshire ne procèdera pas à son démantèlement afin de réaliser un profit rapide. Il serait très facile pour M. Buffett de décider de rendre publique l'une de ses nombreuses sociétés, afin de tirer profit des tendances chez les investisseurs, le cas échéant. 

En vendant à Berkshire Hathaway, on s'assure d'une continuité, ce qui s'avère particulièrement important pour un fondateur qui a investi toute sa vie dans la création de son «oeuvre». Or, en l'absence de M. Buffett pour veiller à la bonne continuité de ces compagnies, plusieurs éléments pourraient entacher la préservation de cette culture. 

Tout d'abord, bien des fondateurs acceptent probablement un prix inférieur pour leur entreprise qu'ils auraient obtenu en vendant au plus offrant. Ils souhaitent faire partie de la grande famille de Berkshire. Ils ont de l'admiration pour M. Buffett, et ils doivent être fiers de participer à l'essor de son empire. Ils sont motivés à travailler fort et à donner le meilleur d'eux-mêmes. La rémunération ne constitue normalement pas la préoccupation première. 

Si M. Buffett est absent, aura-t-on autant d'admiration pour les hauts dirigeants en place? Si on développe l'impression de travailler pour une organisation qui n'est plus exceptionnelle, le dévouement de certains fondateurs pourrait être affecté. Certains de ceux-ci remettront peut-être en question les décisions des dirigeants successeurs, et voudront ainsi redevenir indépendants. Si M. Buffett disait à certains d'entre eux qu'il valait mieux lui remettre les profits de leur société, afin qu'il les réaffecte à un secteur plus prometteur, on le respectait. Le même genre de directive provenant d'autres personnes risque de rencontrer plus d'opposition de la part de ceux qui tiennent à croître leur entreprise au sein de Berkshire. 

Deuxièmement, avec le temps, plusieurs dirigeants de filiales vont devoir se retirer ou décèderont. Il s'agit des personnes en qui M. Buffett avait la plus grande confiance pour gérer ces sociétés. Or, peut-être que certains dirigeants avaient songé à sélectionner leur fils ou fille comme remplaçant, comme l'on voit souvent chez les entreprises indépendantes. Il est tout à fait naturel d'aspirer à voir ses enfants siéger à la tête de ce que l'on a bâti toute sa vie. On sait toutefois que bien des successions d'entreprises échouent. La descendance d'un fondateur ne constitue pas nécessairement le meilleur choix pour prendre la relève. Sous le regard de M. Buffett, il s'avère sûrement plus difficile de justifier ce genre de succession. Sans M. Buffett, si plusieurs dirigeants le font, la plupart d'entre eux pourraient souhaiter bénéficier du même privilège. 

Le défi d'Howard Buffett

À propos de ce blogue

Patrick Thénière et Rémy Morel sont associés et gestionnaires de portefeuille chez Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

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