SNC-Lavalin dans le trouble


Édition du 28 Février 2015

SNC-Lavalin dans le trouble


Édition du 28 Février 2015

SNC-Lavalin pourrait-elle continuer à soumissionner sur des contrats publics ?

Beaucoup d'encre a coulé à propos de cette situation. Si l'on a bien compris, il n'y aurait pas trop de problèmes au Québec, où l'Autorité des marchés financiers dit avoir déjà tenu compte de la situation.

C'est différent à Ottawa, où la politique des Travaux publics et Services gouvernementaux prévoit un bannissement pour 10 ans de toute société reconnue coupable de corruption.

C'est majeur. Anthony Zicha, de Scotia, évalue que le créneau Infrastructures et Construction de SNC est principalement constitué de contrats fédéraux. Ces activités représentent 22 % des revenus prévus de SNC pour 2015. Et on ne parle pas d'éventuels contrats dans d'autres divisions.

S'ajoute aussi une interrogation quant à l'impact d'une condamnation sur la capacité de SNC de soumissionner à l'étranger. Les Américains et les Britanniques ont l'habitude de régler hors cours leurs poursuites criminelles en vertu d'accords de poursuite différés (deferred prosecution agreements). Il y a d'importantes pénalités financières, mais aucune reconnaissance de culpabilité. Ce qui permet aux délinquantes de maintenir leur réputation à la hauteur des politiques des donneurs d'ouvrage. Contrairement aux sociétés étrangères, SNC n'a pas cette option de contournement puisque le deferred prosecution agreement n'existe pas au Canada.

Grand danger ?

Quelque chose nous dit qu'Ottawa va modifier sa politique de Travaux publics et permettre aux sociétés qui se sont amendées d'échapper au bannissement.

Le risque semble davantage pour l'international, et on est actuellement incapable de dire avec certitude s'il est petit ou grand. Tout dépend des pays et de ce que prévoit leur politique d'octroi de contrats quant à un verdict de culpabilité.

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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