Pouliot - Politique économique du PQ: le sacrifice dont on ne parle pas

Publié le 08/10/2013 à 09:30, mis à jour le 08/10/2013 à 09:30

Pouliot - Politique économique du PQ: le sacrifice dont on ne parle pas

Publié le 08/10/2013 à 09:30, mis à jour le 08/10/2013 à 09:30

La première ministre Pauline Marois, en compagnie du ministre des Finances, Nicolas Marceau. Photo: Hugo Joncas.

BLOGUE. Alors, bonne ou pas bonne, la nouvelle politique économique du gouvernement? Elle a du bon, mais ça va chauffer pour le budget de l'an prochain. Elle générera plus de dépenses que de revenus et de nouvelles compressions seront inévitables.

C'est un peu perplexe que l'on est ressorti lundi du bureau du ministre des finances. De bonnes mesures sont dans cette politique. Malheureusement, elle est curieusement présentée. Et cette présentation est agaçante.

Le projet est porteur d'élément structurants. Les crédits d'impôts consentis pour augmenter la productivité des entreprises devraient à long terme aider à leur progression et permettre de créer plus de richesse dans la province. Nous avons un écart de productivité qu'il devient urgent de combler. La stratégie d'électrification envoie aussi un bon signal d'orientation économique à long terme. Elle installe une humeur et amène quelques outils susceptibles d'aider au développement de projets originaux et porteurs.

La politique est malheureusement silencieuse sur les efforts qu'elle commande. Elle ne sera pas sans conséquence budgétaire à court terme. Des chiffres obtenus du ministère des finances permettent de constater qu'il faudra sept ans avant que les revenus générés par le plan ne dépassent les nouvelles dépenses occasionnées.

La situation est particulièrement préoccupante pour le budget de l'an prochain (2014-15). La politique entraînera des dépenses additionnelles de 411,1 M$, mais ne générera que des revenus supplémentaires de 129 M$. C'est donc un trou de 282 M$. À noter que pour cet exercice, il y a toujours pour 430 M$ de mesures à identifier pour atteindre la cible. C'est dire que l'impasse sera de plus de 700 M$. Sachant que le gouvernement semble déjà incapable de fermer le budget de cette année (2013-14) par au moins 1 G$, la position devient fort inconfortable.

Interrogé par Les Affaires, le ministre Marceau a reconnu qu'il y avait un enjeu et que cet enjeu se règlerait du côté des dépenses. Une façon de dire qu'il y aura des compressions d'au-moins 700 M$ en 2014-15 au gouvernement.

Il était normal de parler des 40 000 emplois à créer, mais le portrait budgétaire aurait aussi dû être présenté au public.

Dans le style: "Avec cette politique, nous allons devoir faire un nouvel effort sur quelques années de manière à économiquement (et socialement) mieux progresser plus tard".

Malheureusement, la stratégie de communication adoptée par le gouvernement donne l'impression d'être influencée par l'urne électorale. Ce qui affaiblit sa crédibilité.

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Impressions sur différentes mesures

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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