C'est ce qu'il sera intéressant de voir.
Car voici une autre hypothèse susceptible d'expliquer la hausse des taux ces derniers jours. Ou, à tout le moins, le problème qui se présente maintenant.
M. Bernanke veut faire remonter l'inflation aux États-Unis autour de 2% annuellement (autour de 1,2% actuellement). Dans un marché normal, les investisseurs tentent d'anticiper le niveau d'inflation à venir. S’ils en perçoivent, ils ne laissent pas les taux trop descendre. Or, les investisseurs vont continuer d’anticiper, et parce que l’objectif est très nettement télégraphié, il risque d’y avoir moins d'acheteurs sur le marché obligataire. À quoi bon en effet miser sur un actif qui, à son acquisition, est déjà presque assuré d'être dévalué par l'inflation dans les prochaines années? Aussi bien envoyer son argent ailleurs. Or, qui dit moins de demande pour les obligations, dit aussi pression à la hausse sur les taux d'intérêt.
Tel est le vent frontal auquel pourrait bien se heurter la FED dans les prochains mois.
Cela ne veut pas dire que les taux ne baisseront finalement pas, mais on a de forts doutes sur un recul significatif.
Et si les taux baissaient finalement?
C’est une autre question.
Si l'exercice devait fonctionner, il reste à voir s'il peut vraiment relancer l'économie américaine.
Depuis plusieurs mois, l'environnement de taux d'intérêt est en effet déjà très incitatif à la dépense. Pourquoi les citoyens dépenseraient-ils davantage alors qu'ils avaient déjà les meilleures conditions d'emprunt à vie?
Emprunter est par définition faire aujourd'hui une dépense à laquelle on renonce pour demain. C'est ce que beaucoup d'Américains firent ces dernières années. Les coffres sont vides. Ils ont maintenant simplement besoin de rebâtir leur capital.
Les minutes de la réunion de la FED sur l'assouplissement quantitatif (publiées mardi) permettent d’ailleurs de voir qu'il n'y avait pas unanimité chez les administrateurs quant au succès à attendre du plan Bernanke.
Mais il s’agit de la dernière carte de la banque centrale. Et il vaut mieux la jouer que de rendre son jeu.
------ --
* Faîtes l'exercice avec une obligation qui verserait un intérêt de 1$ par année et dont la valeur passerait de 10$ à 11$. Le rendement passe de 10% à 9%.