Danger: bulle obligataire


Édition du 07 Juin 2014

Danger: bulle obligataire


Édition du 07 Juin 2014

Qu'arrivera-t-il quand les taux remonteront ?

Une moyenne est généralement faîte pour être atteinte. Le risque est qu'à un certain moment la normalité ne revienne, que la prime de risque ne se replace, et que les taux d'intérêt ne remontent.

«L'impact sur les emprunteurs et les investisseurs sera catastrophique. Les premiers souffriront d'une augmentation du service de leur dette, et les seconds, d'une perte en capital sur la valeur de leurs obligations», prédit l'auteur de l'étude, Patrick Artus.

Autrement dit, on pourrait bientôt retomber dans une nouvelle crise.

Quand ?

La maison ne précise cependant pas quand la chose pourrait se produire. Elle parle plutôt d'un horizon à «moyen terme».

Quand et quelle en sera l'ampleur ?

Dans un récent article du magazine Forbes, le gestionnaire Steve Bluementhal (CMG) s'avance cependant davantage. À l'heure actuelle, 13 des 16 membres de l'Open Market Committee (FOMC) croient que la Fed commencera à hausser son taux directeur en 2015. La médiane du groupe donne les fonds fédéraux à 1 % en 2015 et à 2,25 % en 2016 (à 0 % actuellement).

Récemment, le taux sur les obligations 10 ans se situait à 2,5 %. Si le taux à un jour des fonds fédéraux grimpe à 1 % en 2015, les obligations 10 ans devraient grimper autour de 3,5 %. Un tel mouvement causerait une perte en capital d'environ 8 % sur la valeur de l'obligation.

Si on pousse l'exercice sur 2016, les obligations 10 ans pourraient alors se trouver à 4,75 %, et générer une perte en capital d'environ 18 %.

Qu'est-ce à dire pour les obligations et les fonds obligataires canadiens ?

C'est plus difficile à dire. Il n'est pas assuré que les taux canadiens évolueront en synchronisme avec les taux américains. À preuve, le taux à un jour au Canada est à 1 % (par rapport à 0 % aux États-Unis), et les obligations 10 ans à 2,30 % (par rapport à 2,5 %). Mais il serait surprenant qu'une hausse marquée d'un côté de la frontière ne traverse pas de l'autre côté.

Les pertes pourraient donc se ressembler. Si vous avez un fonds commun obligataire ou un fonds négocié en Bourse, le truc est de s'attarder à la durée moyenne du portefeuille du fonds. Et de rechercher de courtes durées plutôt que des longues durées (10 ans est un extrême). Le rendement en intérêts sera plus faible, mais le choc le sera également.

Il y a aussi la possibilité de ne simplement acheter qu'une obligation du gouvernement d'un an ou deux et de la laisser venir à maturité. Il n'y aura dans ce cas aucune perte en capital et l'on pourra réinvestir à un meilleur taux après un choc éventuel.

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

Blogues similaires

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?