Ce qu'on aime et n'aime pas du plan Legault

Publié le 15/11/2011 à 09:19, mis à jour le 15/11/2011 à 09:19

Ce qu'on aime et n'aime pas du plan Legault

Publié le 15/11/2011 à 09:19, mis à jour le 15/11/2011 à 09:19

 

CE QU'ON N'AIME PAS

-La hausse projetée des salaires de 20% des enseignants

C'est la mesure qui fait le plus trembler.

Le but est d'attirer de meilleure compétence dans le corps professoral. L'augmentation est accompagnée d'un système d'évaluation obligatoire pour les profs. Il n'est pas question de menacer la sécurité d'emploi, dit-on dans le programme.

Le danger avec cette mesure, c'est que les professeurs ne sont pas les seuls à réclamer plus. Pourquoi ne donnerait-on pas non plus aux infirmières? Et aux procureurs de la Couronne? Et ainsi de suite.

L'État a déjà de la difficulté à maîtriser ses dépenses, il n'est surtout pas temps de faire bondir de 20% l'un de ses gros postes budgétaires.

-On se leurre sur l'espace budgétaire

On l'a vu, une bonne partie de la prime aux professeurs serait financée par une attrition chez Hydro-Québec (il y a aussi l'élimination des commissions scolaires et celle des agences de la santé).

Monsieur Legault et son équipe semblent malheureusement se leurrer sur le réel espace budgétaire dont ils disposent.

Depuis plusieurs années, pour équilibrer ses flux de trésorerie, le gouvernement emprunte sur le bénéfice d'Hydro-Québec qui ne lui est pas versé en dividende. L'emprunt est autour de 500 M$ par année.

Si la CAQ pense vraiment aux générations à venir, c'est une pratique qu'elle se devra d'abandonner. C'est qu'au moins 60% du bénéfice d'Hydro provient actuellement de Churchill Falls. Et qu'en continuant comme on le fait, il n'est pas impossible que lorsque l'entente avec Churchill prendra fin, dans 30 ans, on ait adossé à Hydro-Québec un endettement qui sera égal sinon plus grand que sa valeur (à ce moment).

Le 600 M$ que la CAQ compte dégager en économies devrait tout simplement servir à mettre fin à cette pratique.

La nouvelle formation n'a conséquemment malheureusement pas l'espace budgétaire qu'elle pense avoir pour opérer sa réforme.

-Le rôle accru de la Caisse de dépôt

La Caisse n'investit pas suffisamment au Québec au goût de messieurs Legault et Sirois. "Il n'y a pas de capital privé au Québec, il faut toujours bien que l'on ait du capital public", nous avait dit ce printemps monsieur Sirois.

On est bien d'accord que les positions de la Caisse au Québec devraient être plus importantes. Mais on doit la laisser libre de ses pondérations. S'il y a de l'argent à faire avec un risque adapté à celui recherché par l'institution, elle viendra par elle-même. C'est l'argent des retraités qui est au bâton.

Cette idée de créer avec elle un fonds d'investissement public-privé de 5G$ dans les ressources, nous taraude aussi un peu. Le rendement de ce fonds dépendra beaucoup du prix des matières premières. Et le risque associé au grand nord est plus élevé qu'ailleurs. À cause de sa gestion du risque, les sommes que l'on demandera à la Caisse pourrait bien ne plus être disponibles pour d'autres projets, moins éphémères et potentiellement plus structurants.

 

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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