(Photo: Marten Bjork pour Unsplash.com)

BLOGUE INVITÉ. Lors d’une conversation avec des amis dernièrement, je mentionnais que je ne me voyais pas réellement être en mesure de faire autre chose qu’être entrepreneur.

J’ai un peu l’impression que c’est inné en moi. Je suis aussi assez sceptique sur la possibilité pour quelqu’un de «développer ses compétences entrepreneuriales». Pour moi, être entrepreneur est d’une certaine manière un état d’esprit qui nous pousse à nous lancer et nous accompagne tout le long de notre aventure. 

Cela m’amène à me questionner sur ce qu’est vraiment l’esprit entrepreneurial et si cela existe vraiment. Existe-t-il un consensus quant à la définition de cet état d’esprit?

Pour débuter, j’ai évidemment effectué une recherche sur Google (désolé, ChatGPT était en surcapacité à ce moment). La définition de Google de l’esprit entrepreneurial était: «l’état d’esprit entrepreneurial fait référence à un état d’esprit spécifique qui oriente la conduite humaine vers des activités entrepreneuriales». Bon, soyons sincères, j’avais l’impression d’entendre l’un de nos charmants politiciens en entrevue en train de répéter une cassette qui ne veut totalement rien dire!

Compte tenu de cette réponse insatisfaisante, je me suis dit qu’il serait intéressant de poser la question à différentes personnes de mon entourage qui sont soit des fondateurs de start-ups, des entrepreneurs en résidence dans des incubateurs ou des accélérateurs, ou encore des personnes influentes dans le milieu du capital de risque à Montréal ou dans la Silicon Valley. Je me suis dit qu’ils seraient probablement les mieux placés pour définir de manière claire ce que représente cet état d’esprit.

Voici ce qu’ils ont dit:

Sophie (investisseur capital-risque): «Un état d’esprit entrepreneurial représente selon moi l’enthousiasme autour de construire quelque chose de nouveau et d’avoir la persévérance pour surmonter les nombreux obstacles qui surgissent durant ce processus».

Andrew (fondateur): «Une compréhension que le monde est à la fois mutable et imparfait, associée à une profonde volonté de l’améliorer voir même de complètement le changer».

David (investisseur capital-risque): «Des gens avec une intelligence et un courage démesuré qui ne peuvent pas imaginer ne pas passer leur vie à résoudre le besoin non satisfait qui leur tient le plus à cœur».

Kent (fondateur): «Il ne me vient jamais à l’esprit que je pourrais échouer à démarrer une entreprise, ce qui est un peu fou compte tenu de la faible probabilité de succès des entreprises dans le secteur de la biotechnologie. La différence pour moi entre celui qui possède l’esprit entrepreneurial versus celui qui ne l’a pas n’est pas d’être inconscient des risques d’échec, mais simplement d’avoir une confiance totale que, peu importe, vous trouverez une solution».

Steeve (fondateur): «Une insatisfaction totale avec le statu quo qui vous pousse à construire de nouvelles solutions que d’autres apprécieront».

Guillaume (investisseur capital-risque): «L’esprit de l’entrepreneur est celui d’une personne prête à prendre des risques que d’autres ne prendront pas pour réaliser une vision que d’autres ne partagent pas tout en souhaitant créer de la valeur pour tous.»

Jason (fondateur): «Voir ce que les autres ne voient pas, et avoir une volonté imparable.».

C’est déjà plus clair que la réponse de Google. Il y a clairement dans ces différentes définitions des points communs.

Courage, persévérance, volonté

C’est assez évident — être un entrepreneur est difficile. Ceux qui réussissent ont un état d’esprit extrêmement déterminé à poursuivre leurs passions et à avancer malgré les nombreux obstacles. C’était aussi l’avis de Steve Jobs qui avait déclaré: «je suis convaincu qu’environ la moitié de ce qui sépare les entrepreneurs qui réussissent de ceux qui ne réussissent pas est la pure persévérance.»

Effectivement, cet esprit de courage, de persévérance et, parfois, cet entêtement à ne pas céder à la pression et poursuivre son but sont essentiels pour réussir en tant qu’entrepreneur. Chaque propriétaire d’entreprise est confronté à des obstacles comme une incompréhension de leurs proches sur ce qu’ils font, des banquiers qui refusent de leur prêter de l’argent, la concurrence de toute part, etc. Ainsi, il est probablement vrai que l’esprit entrepreneurial doit être celui d’une personne qui a compris qu’il y a une chose qu’elle ne peut pas faire: abandonnez!

Désir de résoudre des problèmes

J’en ai parlé dans plusieurs de mes blogues et cela fait aujourd’hui l’objet d’un consensus global: la meilleure manière d’obtenir des idées de projets d’entreprises et d’être continuellement à la recherche de problèmes. Contrairement aux inventeurs qui tombent souvent en amour avec la solution avant d’avoir trouvé le problème, les grands entrepreneurs tombent amoureux d’un problème qui mérite d’être résolu et possèdent cette passion, voire parfois cette obsession, de ne pas accepter de ne pas réussir à offrir une solution intéressante à ce problème.

Des créateurs de valeurs partagées 

Être entrepreneur est un sport d’équipe. Les entrepreneurs qui réussissent sont doués pour recruter des membres d’équipe, des clients et des investisseurs pour rejoindre leur mission. Tout le monde n’est pas passionné par la création de valeurs partagées, mais tous les grands entrepreneurs que je connais le sont.

Je pense que nous avons maintenant une définition un peu plus complète de cet état d’esprit entrepreneurial. Celui-ci pourrait être défini par un ensemble de traits de caractères ou de compétences qui permettent aux gens d’identifier les meilleures d’opportunités ainsi que de surmonter et d’apprendre des échecs les poussant ainsi à mettre toute leurs énergies pour la réussite de leur objectif.

Possédez-vous cet esprit?

Je pense que nous avons tous un peu d’esprit entrepreneurial en nous. Du moins, je le souhaite! Toutefois, il est clair que cet esprit est beaucoup plus présent chez certaines personnes et que souvent, pour eux, l’entrepreneuriat n’est pas un choix conscient, mais simplement le seul chemin possible pour s’accomplir et être heureux.

La ligne est donc souvent mince entre ceux qui possèdent des caractéristiques entrepreneuriales, dont les intrapreneurs, et ceux qui possèdent vraiment cet état d’esprit.

Selon moi, la principale différence réside généralement dans l’aspect de passer à l’action. Combien de fois avez-vous dit: «j’ai eu cette idée en premier» ou «j’y ai pensé il y a cinq ans» lorsque vous voyez l’annonce d’un nouveau projet prometteur? La différence entre vous et eux? C’est simple, les entrepreneurs sont prêts à prendre les risques nécessaires pour poursuivre une occasion et sont d’accord avec le fait qu’un résultat positif est loin d’être garanti. 

On dit aussi souvent que les grands entrepreneurs vivent cinq ans dans le futur — que nous partageons une vision de ce qui est à venir et que nous ne sommes pas attachés au passé et au présent! Nous croyons réellement que nous pouvons ajouter de la valeur au monde et nous voulons simplement concrétiser nos idées. Si nous avons tort, nous pouvons vivre avec cela, ça fait partie de l’entrepreneuriat. En revanche, ce avec quoi nous ne pouvons pas vivre, c’est de ne pas poursuivre notre projet. Nous avons souvent l’impression que «nous devons le faire» et que ce devoir nous pousse très fort et très loin!

Personnellement, je me reconnais dans cet esprit entrepreneurial. Quelques fois par mois, je me dis que je serais bien plus heureux dans un emploi normal. Et après quelques minutes, je pars à rire et me dis que de toute façon, ils me mettraient dehors après quelques heures et je retourne donc travailler à changer l’industrie des attractions à travers le monde!

Et vous, avez-vous cet état d’esprit?