Mooney: Souhaiter le retour de l'inflation est irrationnel

Publié le 04/11/2013 à 09:07, mis à jour le 04/11/2013 à 10:57

Mooney: Souhaiter le retour de l'inflation est irrationnel

Publié le 04/11/2013 à 09:07, mis à jour le 04/11/2013 à 10:57

Des prix en hausse peuvent donner lieu à ce qui semble être une activité économique accrue. Mais ce n’est qu’une illusion et fort dangereuse avec ça. Lorsque l’inflation grimpe constamment, jusqu’à ce qu’on en perde le contrôle, tout le monde (entreprises, individus, etc.) doit ramer plus fort pour rester au même endroit.

De plus, l’idée que les entreprises font plus de bénéfices lorsque les prix montent est un leurre. Pour la grande majorité (en particulier, celles dont les activités exigent des investissements importants en immobilisations), c’est exactement l’inverse. Le fait que les marges bénéficiaires des entreprises est à un sommet actuellement alors que le taux d’inflation est très bas devrait faire réfléchir ces économistes.

L’inflation est une façon sournoise d’appauvrir pratiquement tout le monde à long terme.

Qu’on en fasse la promotion est un signe des temps qui sont marqués par une croissance économique décevante et par un taux de chômage élevé. Lors des 12 derniers mois, l’inflation a été de seulement 1,2% aux États-Unis, ce qui est une très bonne nouvelle selon moi.

Or, on fait le lien entre faible croissance et faible inflation, et on conclut que le dernier entraîne le premier. Ouf…

Il n’y a rien de bien catastrophique à ce que des économies matures comme celle des États-Unis et celle du Canada affichent une croissance de 2-3% par année (croissance réelle, soit après inflation). Leur demander de croître plus de façon soutenue c’est un peu comme demander à un vieillard de courir un marathon!

Toutefois, cela ne fait pas l’affaire des politiciens et autres leaders (comme ceux des banques centrales) qui y voient un affront à leur compétence (le politicien y voit surtout un obstacle pour sa réélection).

Évidemment, le facteur le plus désolant est certes le taux de chômage élevé. Sur ce point, il ne faut pas oublier que la crise de 2008 a ébranlé profondément les économies occidentales. Et, même si on est pressé, on ne s’en remet pas avant près d’une décennie. On est sur la bonne voie.

De plus, la capacité de la croissance économique de réduire le taux de chômage a ses limites. Car le chômage élevé a d’autres causes.

Reste que relancer l’inflation est loin d’être une solution intelligente. C’est un remède qui a plus de chances de tuer le patient que de le guérir.

Bernard Mooney

 

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