Le fiasco des FNB

Publié le 22/02/2012 à 20:20, mis à jour le 23/02/2012 à 10:37

Le fiasco des FNB

Publié le 22/02/2012 à 20:20, mis à jour le 23/02/2012 à 10:37

BLOGUE. Wall Street a le don de transformer une idée géniale en produit dangereux et toxique! C’est de plus en plus le cas avec les fonds négociés en Bourse (FNB).

Les FNB sont une révolution et un succès phénoménal pour l’industrie financière. Par exemple, il y a à peine 10 ans, il y avait à peine 278 fonds indiciels aux Etats-Unis et 119 FNB, le tout avec des actifs de 347 milliards de dollars (G$) US, soit 16% de tout l’actif détenu dans les fonds d’actions US. Aujourd’hui, selon Morningstar, il y a 336 fonds indiciels et 1 148 FNB (oui, 10 fois plus!) qui détiennent 1 240 G$ US. C’est plus du tiers de tout l’actif des fonds d’actions.

C’est tout un succès, sur ce plan.

Le FNB a bien des atouts, utilisé de façon intelligente. Ce qui m’a poussé à vanter ses vertus à plusieurs reprises. Ils sont des véhicules efficaces pour l’investisseur qui veut profiter des rendements boursiers à long terme, à peu de frais et avec peu de tracas. À plusieurs reprises, dans mes chroniques et mes conférences, j’ai recommandé par exemple à ceux peu intéressés à choisir leurs titres boursiers, de privilégier l’achat d’une couple de FNB (un pour le marché canadien et un autre pour la Bourse américaine suffisent à mon avis).

Mais on semble de plus en plus en voie de perdre les pédales. En décembre, la société Direxion Funds a converti ses FNB à effet de levier double en fonds à effet de levier triple. Autrement dit, lorsque l’indice sous-jacent s’apprécie de 1%, le FNB triple ce rendement. Il y a aussi des FNB à effet de levier inversé.

Par exemple, le FNB ProShares’ UltraShort Financial reproduit l’inverse en double du rendement de l’indice Dow Jones Financial Index. Ainsi, si cet indice recule de 2%, ce FNB s’appréciera de 4%! Si cet indice progresse de 1%, le FNB perdra 2%.

On arrive à bâtir ce genre de fonds en utilisant toute la gamme des produits dérivés.

Admettez qu’on est loin du FNB «classique» qui cherche à reproduire l’indice S&P/TSX ou le S&P 500.

Pire, si ces produits, déclarés toxiques par le président de BlackRock Laurence Fink (et je suis bien d’accord), prennent de l’importance dans les prochaines années, ils pourraient fragiliser tout le système financier.

16 JOURS!

Malgré cela, comme toujours, il y a des experts pour les défendre et prétendre que ces nouveaux produits sont utiles à la bonne gestion des portefeuilles.

C’est une grande perversion, pour ne pas dire trahison, d’un produit pertinent.

Par ailleurs, selon Morningstar, les investisseurs détiennent en moyenne un FNB à effet de levier en moyenne pendant trois jours alors qu’ils conservent leurs FNB traditionnels pendant 16 jours. J’ai relu plusieurs fois cette mention car je n’en croyais pas mes yeux. C’est bien 16 jours!

La conclusion logique, c’est que peu importe le véhicule, les investisseurs trouvent toujours le moyen de se comporter en imbéciles.

Bernard Mooney

 

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